Aïoli les sapiens,

Il y a des fois où l’on fait les choses mal et où l’on se fait logiquement rouster. Il y a les fois où l’on fait les choses bien et où l’on gagne. Mais il y a aussi les fois où l’on fait les choses mal en gagnant quand même : celles-ci sont énervantes, mais moins que les fois où l’on fait les choses bien mais où l’on perd en n’ayant pas de bol.

Et il y a ce soir, où l’on fait les choses bien mais où l’on n’a pas de bol mais où l’on gagne tout de même (en ayant eu un peu de bol). Dans toute la nomenclature des performances olympiennes, ces victoires où l’on tape, tape et retape encore jusqu’à convaincre le Destin lui-même d’arrêter de faire chier, ne sont pas les plus désagréables.


Le point mercato

Arrivé l’an dernier de la Juventus dans le cadre d’un échange abracadacomptable avec Marley Aké, le jeune Franco Tongya part sans avoir joué une minute chez nous. Un parcours moins motivé par les enjeux footballistiques que par le cours du kilo de viande, domaine dans lequel le flair et l’absence d’états d’âme de Longoria ne se rencontrent plus guère que chez les éleveurs de Haute-Ardèche. Pablo charge donc la bétaillère direction Odense, en espérant que le gamin trouve enfin de quoi jouer au foot sur ces pelouses froides dont il ne connaît pas les noms.


Les Longorious Basterds

Lopez
MbembaBailly – Gigot (Balerdi, 46e)
Clauss (Touré, 94e) – Rongier (Veretout, 58e) – Gueye (Gerson, 75e) – Tavares
Guendouzi – Payet (Ünder, 58e)
Sanchez

Éric Bailly obtient sa première titularisation, dans l’axe, ce qui repousse Gigot sur le côté gauche. Seul autre changement par rapport à LA ROUSTE INFLIGÉE AUX NIÇOIS DIMANCHE (s tu as raté l’académie c’est que tu es masochiste), Gueye prend place au milieu.


Le match

Soit nos performances précédentes commencent à marquer les esprits, soit les Auvergnats sont irrémédiablement pleutres. Quelle qu’en soit la raison, Clermont se présente à nous roulé en boule et les mains sur la tête dans le seul but de rester vivant en attendant que ça passe. Quand Chancel Mbemba commence non seulement à victimiser les rares adversaires qui se présentent dans notre camp, mais aussi à se rendre dans la surface adverse pour envoyer des missiles de volée, les Clermontois commencent dès la dixième minute à envier la vie de planqués de leurs compatriotes rugbymen. Ladite surface de réparation chauffe plus que le portable d’une stagiaire au cabinet de Chibrald Darmanin, Guendouzi puis Sanchez échouant de peu à obtenir un dernier verre. Valentin Rongier réussit quant à lui son deuxième tir de loin en deux sais… en deux matchs : cette fois-ci, nul postérieur ami pour s’opposer à cette nouvelle frappe lumineuse, mais une bête barre transversale. Nuno Tavares renchérit à la suite d’une combinaison Mbemba-Clauss-Guendouzi, en faisant barre PUIS poteau sur un bel enchaînement poitrine-frappe. Payet se charge de conclure l’action en manquant le but grand ouvert. Gueye échoue un peu plus tard sur le gardien, avant un dernier quart d’heure plus compliqué : si les grosses caisses jouent en rythme et à plein volume, les solistes se montrent peu virtuoses. Payet notamment goinfre une nouvelle énorme occasion, après un ballon repoussé dans l’axe par le gardien sur un bon travail de Sanchez et Guendouzi. Quand une dernière tête de Sanchez sur corner clôture cette mi-temps, les Auvergnats rouvrent enfin les yeux en s’étonnant de ne pas voir Saint-Pierre venu à leur rencontre.

À la pause, un constat : nous avons tapé, tapé, tapé, et cela n’a pas marché. Une question : que faire ? Une solution : taper plus fort. Hormis le remplacement de Gigot dont la blessure musculaire à la cuisse ne manquera pas d’occasionner une avalanche de bons mots dont nous nous réjouissons par avance, l’OM revient dans les mêmes dispositions. Servi par Payet, Nuno Tavares s’empresse d’exécuter sa spécialité : la sacoche du droit au premier poteau. Bien informé, le gardien ne pite pas et détourne en corner. Payet adresse icelui au deuxième poteau, où Pape Gueye écarte d’une chiquenaude le cloporte qui lui sert de défenseur. Sorti de ses buts pour aller voir s’il y avait de la chatte à Châtelet, Mory Diaw ne peut rien contre la tête du Sénégalais (1-0, 49e).

Le temps pour Payet de manquer une nouvelle reprise, certes plus difficile, et la rencontre s’avère plus délicate. Attention, ce n’est pas que l’on ne veut plus taper : les possessions de balles interminables sans une seule passe verticale et les échanges redoublés avec le gardien, très peu pour Tudor. Non non, rassurez-vous, on tape. Mais comme nous ne sommes ni Tadej Pogacar dans l’Alpe d’Huez ni Wout van Aert dans le Mont Ventoux, la côte de la Redoute, le sprint des Champs-Élysées et le cyclo-cross de Knokke-le-Zoute, l’OM peine physiquement à taper très fort et tout le temps. Ajoutons à cela une faute fâcheuse de Clauss à l’entrée de la surface, et le slipomètre est mûr pour l’enflammade : le coup-franc est joué en retrait pour une frappe flottante qui finit sur la barre, le ballon étant repris de volée pour une frappe sur la barre derechef.

La mésaventure nous convainc, à contrecœur, de taper un peu moins pour gérer un peu plus. Nos actions se font plus rares, d’autant que Sanchez se vautre comme le premier Saber Khalifa venu au moment d’adresser un centre décisif. Sans être dangereux outre mesure, Clermont ne manque cependant pas de nous faire suer la raie lorsqu’un coup de pied arrêté se présente : Khaoui (oui oui, le nôtre) expédie ainsi une volée de peu à côté après un corner mal renvoyé.

La délivrance semble survenir à la suite d’une percée de Mbemba, suivie d’une combinaison entre Clauss, Guendouzi et Sanchez. Alexis lance parfaitement Chancel, qui subit un hippopotacle de Mendy et obtient le pénalty. Sanchez prétend transformer la sanction d’une frappe puissante à ras de terre, mais Diaw se détend sur sa droite pour une RAIE que l’honnêteté nous amène à juger franchement pas dégueulasse.

Domination outrageuse, avantage minimal, occasions manquées de creuser l’écart : tous les ingrédients sont réunies pour savourer la sucrerie-vedette du moment : plus amère que la navette de Saint-Victor, plus grasse que le chichi-frégi de l’Estaque, la Balerdise de Saint-Giniez se déguste à toute heure, même si les gourmets privilégient le temps additionnel. Suite à une nouvelle faute évitable de Clauss, Balerdi panique totalement à la réception du coup-franc et laisse le ballon rebondir sur sa main. Si certains ont vu leur vie sauvée par le DJ, Leonardo est quant à lui éternellement redevable aux arbitres vidéo d’avoir reconnu le caractère involontaire de son geste (étant entendu que l’humain qui réussit exprès un coup comme celui-ci peut directement répondre aux annonces d’embauche de clowns par le cirque Hipparque).

L’affaire se termine dans le respect d’une certaine forme de morale, surtout si l’on se réfère aux saisons de Sampaoli et Villas-Boas : contre les petits clubs, on a toujours plus de chances de gagner si si l’on ne s’arrête pas de taper.


Les joueurs

Lopez (3/5) : On aurait pu mettre Jean-Claude Gaudin dans les buts que le résultat n’aurait pas été différent. Nous notons tout de même Pau, qui sans rien faire a tout de même montré l’une des principales qualité d’un gardien de haut niveau : la bonne grosse moule des familles.

Mbemba (4/5) : La puissance d’un train de marchandises, la vélocité d’un TGV, la justesse d’une micheline des chemins de fer suisses.

Bailly (3/5) : Respire la sérénité, y compris avec Balerdi à côté de lui.

Gigot (4/5) : Très heureuse surprise que ce replacement à gauche, où Samuel s’est montré intraitable défensivement tout en participant au jeu plus qu’à son tour. Une blessure fâcheuse l’empêche de confirmer ses promesses (ou au contraire de se mettre à faire des conneries dans nos temps faibles, ça dépend de ton degré d’optimisme).

Balerdi (2/5) : Prend un petit pont dès son entrée en jeu, comme pour conjurer le sort (du genre : « c’est bon, j’ai fait ma connerie, maintenant je peux commencer mon match »). Peine perdue, la Balerdise finit bien par arriver sur la table, au pire moment mais heureusement sans conséquence. Ce garçon est si émotif qu’il risquerait l’éjaculation précoce devant une vidéo de chatons.

Clauss (2+/5) : Une première mi-temps excellente comme à son habitude, mais deux des rares situations dangereuses clermontoises sont venues de fautes qu’il a commises. Or donner des ballons d’attaque à Clermont c’est comme donner des armes à la police municipale : même s’ils ne savent pas s’en servir, sur un coup du sort ça peut avoir des conséquences graves.

Touré (94e) : Deux mètres bien utiles pour clôturer l’espace aérien. 

Rongier (3+/5) : Le jour approche où il va finir par rentrer une lourde de 30 mètres, quand ça arrivera je crois que je pleurerai autant que le jour où Titi Camara a marqué.

Veretout (58e, 2/5) : Toujours hésitant, voire dangereux.

Gueye (4/5) : Sans réaliser de prouesses techniques, puisque les autres sont payés pour ça, Pape a fait dans le simple et l’efficace : un genre de bon cassoulet, simple mais roboratif, avec le but en forme de petit digestif qui va bien pour se dire qu’on a passé un bon moment.

Gerson (75e) : Reste. Tu dis que du dois garder la quarantaine pour cause de diarrhée purulente et contagieuse, tu dis que t’as perdu ton stylo, au pire tu fais comme l’imam Iquioussen et tu te planques pour pas que Longoria te chope, tu fais ce que tu veux, je m’en fous, mais ce 1er septembre tu signes rien. RIEN.

Tavares (4/5) : L’incarnation même de ce football qui ne se pose pas de question superflue. Vas-y que je cours, que je dribble, que je tire, que je te me remonte un blocquéquipe de 60 mètres à moi tout seul dans le temps additionnel. Nuno Tavares, ce n’est pas le football champagne, sophistiqué et qui donne mal à la tête, c’est le football clairette de Die (adresse du cousin viticulteur disponible sur demande) : c’est moins cher mais ça fait aussi bien le travail sans avoir besoin de se la péter.

Guendouzi (3+/5) : Sans atteindre les sommets orgiaques du match à l’Allianz Arena (où nous avons ROINTÉ LES NIÇOIS, faut-il le rappeler), Mattéo a livré une copie tout à fait honorable, et surtout manifesté une volonté permanente de taper, taper, taper, ce qui a sans doute ravi notre entraîneur.

Payet (2+/5) : Le déchet technique des mauvais jours, assorti d’occasions manquées à se mastiquer les gonades. Et comme souvent en de pareils cas, la passe décisive pour le seul but du match avant de sortir comme un prince.

Ünder (58e, 2+/5) : À moins que Pablo Longoria ne l’attrape au dernier jour du mercato pour l’envelopper dans un colissimo pour n’importe où, Cengiz semble bel et bien promis à rester chez nous. J’en suis ravi, mais il faudra alors trouver un poste qui lui sied (et pourquoi pas le bounasarriser, tiens ?).

Sanchez (2+/5) : Trop confiant dans son pénalty, certes pas trop mal tiré mais insuffisamment pour éviter la détente du grand dadais d’en face. Cerné par trois hérissons auvergnats à chaque prise de balle, Alexis a galéré à exister, ce qui ne l’a pas empêché de s’arracher comme un gnou pour aller chercher des ballons et les transformer en quelque chose de parfois pas moche du tout.


L’invité zoologique : Morue Diaw

Le stoquefiche est sans doute un poisson très vaillant sous d’autres latitudes, mais chez nous il ne se présente que d’une seule forme : éviscéré, aplati, séché et salé. La morue est donc l’invitée approprié pour narrer ce match contre une équipe qui voyage surtout sous forme compacte.

  • Les autres : Quand on n’a pas d’ambition, il faut au moins avoir de la chance, et réciproquement.
  • Le classement : Paris, Lens et Lyon représentent nos principales contrariétés du moment, en haut du classement donc.
  • Coming next : L’’heure de vérité approche, d’abord sur le plan physique avec cette série de matchs rapprochées. Sur le plan footballistique ensuite, puisqu’Auxerre représente notre dernier adversaire de rang inférieur, avant de rencontrer des Tottenham, Lille, Francfort ou Rennes d’un autre calibre.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Jean M. est le plus perspicace pour remporte un petit concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

2 thoughts on “OM-Clermont (1-0), La Canebière académie martèle

  1. Vos académies victorieuses n’ont d’égales que vos coups de sang dans la défaite: ça tape juste et fort, jusqu’à provoquer des barres ! Merci.

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