Aïoli les sapiens,

Le voici enfin, ce fameux Mario Balotelli. Son contrat de six mois, les sommes dépensées, la longueur de son recrutement, sa première partie de saison calamiteuse… tout concourt à ce que sa venue soit un échec. Et pourtant, pourtant au fond de nous subsiste cette étincelle d’irrationalité qui persiste à dire que, si par une conjonction extraordinaire tout se passait bien, nous pourrions aller au devant de quelque chose de grandiose.

Ce match devait confirmer à la star italienne qu’il ne s’était pas trompé en venant dans une ville à peu près aussi tarée que lui. Et cette confirmation, il l’a reçue au-delà de nos espérances, entre grève des supporters menée sous les yeux du propriétaire, pétard jeté des tribunes sous les yeux de la présidente de la LFP, et surtout une rencontre perdue de la manière la plus anale qui soit, entre gestes incompréhensibles et polémiques arbitrales plus ou moins vaines.

En tout cas, tu sembles venu pour jouer au football, et cela ne pourra nous faire que du bien puisque le football, chez nous, cela fait longtemps qu’on a oublié ce que c’était.

L’équipe

Mandanda
Kamara (Balotelli, 74e) – Rolando – Luiz Gustavo
Sarr – Lopez– Strootman – Amavi (Rocchia, 87e)
Thauvin (expulsé, 67e) – Mitroglou (Njie, 74e) – Radonjic

On attend avec toujours plus d’impatience le moment où Sakai reviendra de la coupe d’Asie tout sourire : « Alors les gars, ça va ? Il s’est passé des trucs, pendant mon absence ? » Payet est donc blessé, et absent pour trois semaines. Rami est également forfait, tandis que Sanson et Ocampos sont suspendus. Rudi Garcia (dehors) en profite pour mettre en place un 343 dans lequel Nemanja Radonjic se voit enfin offrir une chance. En attendant que Mario Balotelli soit apte à tenir 90 minutes, Kostas Mitroglou est aligné comme un vieux canapé dans un vide-grenier à 17h, pour l’exposer aux derniers pigeons qui se hasardent dans les parages.

Le match

L’OM a pris récemment l’habitude de démarrer ses matchs à toute allure. Si elle présage rarement de l’ensemble de la rencontre, c’est le moins que l’on puisse dire, cette attitude n’en reste pas moins à saluer. Dès la troisième minute, à la suite d’une contre-attaque conclue par une volée contrée de Thauvin, les centres se succèdent dans la surface lilloise. Lopez combine ainsi avec Sarr, qui envoie la balle sur la tête de Strootman : Radonjic parvient à récupérer pour pousser la balle au fond. L’exultation est de courte durée, puisqu’à la surprise générale l’assistant signale un hors-jeu. Appelée à la rescousse, l’assistance vidéo confirme que Kostas Mitroglou avait bien planté son gros cul inutile sous les yeux de Maignan, l’empêchant de voir le Serbe armer sa reprise. Kostas est donc bien considéré comme faisant action de jeu, d’où l’invalidation du but.

Privés de cette bouffée d’oxygène, nos joueurs maintiennent la pression. Ces derniers temps en effet, la 20e minute agit sur eux comme les douze coups de minuit sur le carrosse de Cendrillon, en les transformant en grosses courges. Nos tentatives sont intéressantes mais infructueuses, et l’heure du repli sonne quand Bamba met la panique dans notre surface. Bouna Sarr doit alors dégager in extremis sous le nez d’un Mandanda en pleine somnolence post-prandiale.

Entre une équipe ayant cramé son énergie dans le premier quart d’heure et ne pouvant se reposer sur aucun fonds de jeu pour enchaîner (nous), et une autre garantie blocquéquipbienenplace-IGP Ligue 1 (eux), la rencontre vire à l’approximatif. Même notre meilleur occasion, à la demi-heure de jeu, consiste en une déviation de Soumaoro contre son camp, écartée d’un réflexe par Maignan. Le temps pour Mitroglou de bichonner sa dépression en salopant un service de Strootman, et nous arrivons au fait marquant de cette première période. Tout commence par une longue séquence de possession nordiste. D’un banal renversement de jeu, Radonjic doit soudain se débrouiller avec deux joueurs face à lui, vu que Jordan Amavi était parti dans l’axe du terrain sans doute pour voir si la beuh y était moins chère. Conscient de son erreur, Jordan pique un sprint de 210 mètres pour revenir sur l’ailier adverse, lequel l’attend une main dans le slip puis le laisse se livrer pour mieux lui coller un petit pont. Déterminé à mettre un terme à ces flottement, Luiz Gustavo exécute alors sur Celik ce que l’on appelle un « tacle autoritaire », au sens brésilien du terme (Carlos Mozer ou Jaïr Bolsonaro, choisissez votre école, le geste peut se revendiquer des deux). L’affaire aurait pu se terminer par un corner si d’aventure quelques niais comme, au hasard, notre entraîneur (dehors), n’avaient pas réclamé l’arbitrage vidéo à cor et à cri, jurant par tous les dieux que la technologie serait le remède à tous nos maux. L’arbitre récupère les images que ses collègues s’apprêtaient à envoyer à Allô docteurs pour leur émission consacrées aux amputations en temps de guerre, s’aperçoit de sa méprise et accorde finalement le pénalty aux Lillois. Steve Mandanda, lui boude toujours : « ah vous trouvez que je suis gros ? Eh bien je ne vais pas bouger, puisque si je suis si gros que ça, je vais boucher le but sans avoir besoin de plonger n’est-ce pas ? » ; Pépé lui colle donc sans état d’âme son contre-pied habituel (0-1, 45e+3). Luiz Gustavo, lui, est sans doute vexé que son hippopotacle n’ait pas reçu la consécration qu’il méritait : aussi passe-t-il toute la fin de première période, retour aux vestiaires compris, à pourrir l’arbitre pour l’inciter à lui coller enfin le carton rouge que son chef d’œuvre méritait.

Vous ici, grand fou ?

Celik revient en début de seconde période pour ramasser quelques morceaux de lui qui traînaient sur la pelouse, avant de sortir définitivement. Le rythme se ressent de cet arrêt de jeu précoce, et ne décolle véritablement qu’avec une contre-attaque lilloise. Dépassé au début de l’action, Kamara revient mais ne peut que contrer le ballon dans la course de Pépé. Mandanda boude toujours : « ah je concède toujours des pénos quand je sors dans les pieds ? Eh ben si c’est ça, je sors plus dans les pieds. » Steve se laisse donc dépasser comme une merde par le vif attaquant lilllois, qui voit Rolando sauver l’action d’un tacle devant la ligne.

Survient alors l’Incident : envoyé depuis la tribune Ganay, un pétard explose aux pieds d’Amavi et Strootman. Le Néerlandais se débouche l’oreille du petit doigt tandis que Jordan, lui, ne réagit pas. En revanche, la détonation fait bondir l’arbitre assistant jusqu’au sommet de la tribune Jean-Bouin, ce qui décide le chauve du centre à interrompre la rencontre. Il apparaît rapidement que ce jet était l’acte isolé de quelque imbécile : certes hostile, le climat ambiant n’a rien d’insoutenable et d’ailleurs, pour le coup les virages et les groupes sont totalement hors de cause. Pourtant, les officiels passent une bonne quarantaine de minutes enfermés avant de daigner reprendre la rencontre. On se demande bien quelle matière ils ont pu trouver à s’occuper pendant tout ce laps de temps, d’autant qu’à notre connaissance le stade n’est plus équipé de billards. La seule personne heureuse de la situation est Christophe Galtier, arpentant de long en large ce tunnel qui lui rappelle de si bons souvenirs.

Après cette longue pause, la rencontre reprend sous une domination plutôt olympienne, que Florian Thauvin ne met pas dix minutes à torpiller. Alors que les duels se tendent, notre génie savate un Lillois sous les yeux de l’arbitre : peu violente au demeurant, la faute présente surtout les attributs d’un coup volontaire. M. Delerue l’interprète en tout cas comme telle et, sans pitié, applique le règlement en conséquence : à la douche le Prix Nobel.

Pas à-coups et alors que la rencontre devient vraiment hachée, l’OM tente de se porter à l’attaque. Le dernier quart d’heure voit l’entrée conjointe de nos deux atouts offensifs, Clinton Njie et Mario Balotelli (je n’aurais jamais imaginé écrire cela un jour). Le second signe son entrée d’une frappe en tribunes, montrant sur cette action plus d’allant que Germain et Mitroglou réunis depuis le début de saison. Sans ambition ni génie, Lille se contente de subir les assauts de Marseillais en infériorité numérique, profitant à peine des situations de contres qui leur sont offertes : Pépé puis Leão manquent le cadre, de même que Luiz Gustavo tout près de parachever sa soirée d’une talonnade contre son camp. L’OM s’autorise ainsi à croire à une égalisation, et domine de plus en plus nettement les toutes dernières minutes. Dans le temps additionnel, une remise de Clinton Njie aboutit à une magnifique lourde de Balotelli, hélas de peu à côté. Notre pression s’intensifie et, trouvé par Strootman au premier poteau, Njie se voit contré de justesse. Le corner qui s’ensuit n’aboutit qu’à une contre-attaque, que Radonjic puis Lopez échouent à endiguer. Le surnombre est irrécupérable, et Pépé n’a plus en bout d’action qu’à tromper Mandanda une deuxième fois (0-2, 94e).

Rare satisfaction dans cette soirée, Mario Balotelli a l’élégance de profiter de l’ultime minute pour soigner son arrivée chez nous, d’une tête imparable au premier poteau à la réception d’un corner de Strootman (1-2, 95e).

Ce but n’atténuera pas l’amertume d’une défaite moins due à l’arbitrage qu’à ce constat confirmé journée après journée : si notre équipe montre de bien meilleures dispositions dans l’application et l’engagement, elle souffre d’un handicap particulièrement gênant. Elle ne sait pas jouer au football.

Les joueurs

Mandanda (1/5) : Il faudrait essayer de bouger un minimum pendant le match, si tu ne le fais pas pour nous fais-le pour tes artères.

Kamara (2+/5) : Averti d’entrée, le minot compte pourtant parmi ceux qui ont montré le plus de sang-froid. Sobre, il attend tranquillement que le pouvoir revienne à la jeunesse.

Balotelli (74e) : Tout est prévu pour qu’on se déteste, mais le plus tard sera le mieux.

Rolando (2+/5) : Rolando, c’est le bon gars serviable. On lui demande de dépanner, il dépanne. Il dépanne en défense, et il dépanne même sur la ligne quand Mandanda boude. Bon, ça reste du dépannage, hein, ça ne vaut pas le travail d’un expert, mais cela ne manque pas de charme. Ça crée du lien social, comme on dit.

Luiz Gustavo (1/5) : Des discours de vieux sage à l’entraînement et dans la presse, tout ça pour fondre un fusible au pire moment dans un match crucial. Luiz Gustavo doit être ce genre de père de famille qui dit à son fils : « tu vois, l’important dans la vie c’est d’être travailleur et respectueux, de savoir mettre de côté ses états d’âme pour se concentrer sur ce qui est vraiment important OH PUTAIN L’ENCULÉ, IL VIENT DE RAYER MON AUDI, PUTAIN DE SA RACE LE FILS DE PUTE, ATTENDS-MOI LÀ JE VAIS ME LE FAIRE. »

Sarr (3+/5) : Il a bien compris qu’il valait mieux tout miser sur son physique, c’est ce qui le différencie des Bronzés.

Lopez (3+/5) : Un esthète au milieu de cette bande de sagouins.

Strootman (4/5) : Retrouve un volume de jeu intéressant, assorti de quelques ouvertures particulièrement savoureuses. Supposons, sans arrière-pensée aucune, que le fait de jouer avec des gens qui ne lui font pas la gueule à cause de son salaire ait pu aider.

Amavi (2/5) : Plein d’envie et de bonne volonté, mais encore une fois placé comme un vier puis honteusement dribblé sur la seule action aboutissant à un but. Ce doit être comme les filigranes des photographes, une sorte de marque très voyante pour empêcher n’importe qui d’exploiter son travail.

Rocchia (87e) : Parce qu’il était trop tôt pour faire entrer Valère Germain.

Thauvin (0/5) : Expulsé pour un geste débile, tout en traitant le corps arbitral de « clochards » devant les micros histoire de bien préparer son audition par la commission de discipline. En tant que cadre de l’équipe, c’est important de savoir retranscrire sur le terrain l’état d’esprit de l’entraîneur (dehors).

Radonjic (3+/5) : Il n’a laissé aucun motif à Rudi Garcia (dehors) pour le défoncer publiquement en conférence de presse. Ce dernier (dehors) s’en moque, de toute façon, il (dehors) disposait déjà ce soir des excuses « arbitrage » et « pression du public ».

Mitroglou (0/5) : Non seulement il ne sert à rien, mais désormais il empêche même les autres de marquer. Dire que certains scrutent l’Univers, alors qu’il leur suffirait d’observer des un-contre-un entre Kostas et Mandanda pour avoir une idée de l’infini.

Njie (74e) : Beaucoup de gros n’importe quoi, et pourtant quelques gestes redoutablement efficaces : soit il s’agit d’accidents statistiques, soit la surprise d’avoir trouvé en Balotelli quelqu’un de plus jobastre que lui a agi comme un électrochoc.

L’invité zoologique : Jonathan Babar

Lourd, peu gracieux, manquant de subtilité, l’éléphant est un gros bourrin , ce qui n’est pas sans avantages. Ce trait de caractère l’autorise à tracer sa route à son rythme, sans fioriture ni état d’âme, en aplatissant les quelques distraits qui se trouvent en travers de son chemin. L’éléphant était donc l’invité approprié pour nous parler de ce match pachyerdmique.

– Les autres : Moches, sans créativité, rigoureux et appliqués : un beau deuxième de notre championnat de merde, en quelque sorte.

Le classement : Et trois points de mieux qui font douze points de retard sur Lille. C’est bon maintenant, on peut dire que la saison est morte ? On peut virer Rudi (dehors) Garcia alors ?

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Florent Llrns remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,

Blaah.

4 thoughts on “OM-Lille (1-2), La Canebière académie éclate

  1. Après faut reconnaître que c’est pas du jeu. Le calendrier il a bien vu quand même qu’on galérait contre Caen : pourquoi il nous colle le LOSC dès la semaine suivante ?

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