OM-Lyon (0-3), La Canebière académie, le vol et la volée.
Comment ça, « pas de Monsieur Lapin ? »
Aïoli les sapiens,
On l’a dit, ou pas, je ne sais plus, mais le calendrier de cette fin de saison se révèle positivement dantesque. Des échéances aussi importantes les unes que les autres se succèdent tous les trois jours : l’une doit nous conduire à un trophée que nous attendons depuis 2021, l’autre à une qualification en Ligue des Champions cruciale pour nos finances et notre progression d’ensemble. Quoique les organismes et les nerfs soient à bout, il ne saurait être question de sacrifier une cible pour une autre, au risque de les rater toutes deux. Ainsi, c’est une véritable montagne que nous devons gravir.
Et ne voilà-t-il pas que l’arbitre, la LFP, les illuminatis ou qui sais-je encore, mais quelqu’un en tout cas, a décidé hier soir que cette montagne, il allait en plus nous falloir la gravir à cloche-pied avec une main attachée dans le dos. Alors certes l’équipe a craqué, a failli, mais comment lui en tenir rigueur ce soir ? On aurait ce faisant l’impression d’être ce manager toxique qui surcharge son collaborateur de dossiers, lui rogne ses budgets et ses effectifs et, quand ce collaborateur finit par claquer son burn-out, lui rétorque que c’est sa faute s’il ne sait pas s’organiser.
Alors certes, nous avons produit notre lot de nullité hier, à commencer par nos attaquants. Certes, l’OM devra bien tirer le bilan d’une part de ces innombrables points perdus à domicile, et d’autre part de son incapacité notoire à contrarier des Lyon ou des Paris même quand ceux-ci ne se trouvent pas au mieux de leur forme. Ces tendances lourdes, elles, ne doivent pas grand-chose à l’arbitrage. Mais pour ce soir, et pour ce soir seulement, nous éviterons donc à nos joueurs de subir l’infamie d’un Monsieur Lapin qu’une telle rouste à domicile aurait pourtant supposé. Ceux-ci ne perdent toutefois rien pour attendre.
Les Longorious Basterds
Lopez
Lirola – Saliba – Caleta-Car – Kolasinac (Guendouzi, 62e)
Gerson (Rongier, 86e) – Kamara– Gueye (Harit, 74e)
Ünder (Dieng, 62e) – Milik (Bakambu, 86e) – Payet
Calé entre les deux rencontres contre le Feyenoord, ce match exige un certain turn-over. Celui-ci reste cependant modéré, signe de l’importance de l’échéance du soir. Rongier, Guendouzi et Luan Peres sont les principaux bénéficiaires de ce jour de repos des travailleurs. L’alternance Mandanda-Lopez s’installe, tandis que Milik prend place en pointe. Vous aurez noté que l’on ne parle même plus des absents, Alvaro et De La Fuente ayant sombré dans le triangle des Bermudas (Pomègues – Cap Croisette – Planier, comme chacun sait).
Le match
Sans que Lyon ne nous oppose un pressing ardent, notre jeu tarde à se mettre en place et voit nos adversaires s’installer dans notre camp un peu plus que de raison. La première occasion est cependant à mettre au crédit de Milik, d’une prometteuse reprise en pivot sur une très belle ouverture de Gueye. Naïfs que nous étions, en cette neuvième minute… L’OM se montre progressivement plus pressant, malgré des séquences lyonnaises d’une doucereuse slipométrie aux abords de la surface. Payet et Gerson semblent vouloir prendre les choses en main, pour le bonheur de tous les amoureux du football ou tout simplement de ceux qui aimeraient voir l’OM enfin aller un peu plus de l’avant. Un joli geste de Funky G, une récupération autoritaire de Dimitri, et voici un coup-franc bien placé sur lequel on retrouve nos duettistes : Payet joue à ras-de-terre pour le Brésilien, dont le centre est contré par un tacle de Dembélé, ou plus exactement par le bras de Dembélé placé de sorte à faire office de ramasse-miettes. Malgré l’assistance vidéo, l’arbitre ne siffle pas un pénalty sur cette faute pourtant évidente, cette décision n’étant approuvée que par quelques faux-culs aussi crédibles que Manuel Valls quand il parle de trahison des idéaux de la gauche.
La première réaction à cette injustice est le soupir que nous émettons en pressentant une suite trop souvent rencontrée : un but de con en seconde mi-temps et toute la communauté qui s’écharpe pour savoir s’il faut en priorité insulter l’arbitre ou bien l’entraîneur et nos joueurs. La meilleure chose pour éviter cela serait de profiter de l’heure restante pour rendre anecdotique cet événement. Dimitri s’y emploie aussitôt en adressant une déviation somptueuse dans la course de Milik qui, à la lutte avec le défenseur, devance la sortie de Lopes d’un bout-de-pied malheureusement imprécis. Pas lassés, nos D&G refont assaut d’élégance juste avant la mi-temps : Payet lance Gerson sur le côté gauche, dont cette fois-ci le centre n’est troublé par aucune intervention. Au deuxième poteau, Arkadiusz fait atteindre à son salaire la rentabilité de l’EPR Flamanville en salopant une reprise pourtant facile.
Certains esprits chagrins soulignent qu’à la pause, le total des occasions olympiennes est relativement réduit. Vraie dans l’absolu, cette analyse est plutôt sévère : même si l’on peut toujours attendre que Marseille domine outrageusement n’importe lequel de ses adversaires comme s’il s’agissait de l’Entente Sportive Cannet-Rocheville, il n’est pas interdit d’admettre que les rencontres face à Lyon sont rarement faciles. Dans ce contexte, les occasions de Milik assorties de leur supplément « enculade arbitrale » auraient dû largement suffire à nous donner satisfaction.
A ce moment-là par ailleurs, il convient aussi de reconnaître que l’équipe est loin de ne devoir qu’au seul arbitre son incapacité à mener au score, quand bien même Anthony Gauthier semble s’être assigné la même mission qu’un éditorialiste TV face à l’union de la gauche. Et encore, dix minutes après la reprise, on constate que nous étions en-dessous de la réalité » : si mission il y a, c’est moins Lea Salamé contre Mélenchon que la CIA contre Che Guevara.
Certes, l’OM a son lot de responsabilités dans l’action en question : on aurait pu citer le pressing kamikaze de Kolasinac (façon « te jette paaaaaas » hurlé de la touche en U11), qui aboutit illico à un surnombre, la faute de Gerson pour faire cesser ledit surnombre, ou encore la faille à l’intérieur de notre mur qui conduit le coup-franc d’Emerson à être dévié. Mais il n’est nulle part écrit dans les lois du jeu que les défaillances des joueurs autorisent les arbitres à réinventer les règles du football pour les enfoncer davantage, ou alors Bordeaux serait déjà en Régionale 1. Lorsque Lopez se jette devant Dembélé pour repousser ce tir dévié, l’avant-centre lyonnais lui plante ainsi ses crampons dans l’avant-bras, pendant que Lukeba reprend tranquillement la balle. Le but est pourtant validé, l’association entre la grossièreté de « l’erreur » et ce moment crucial nous ramenant à un Bordeaux-OM de triste mémoire bieslsiste. Et encore, à l’époque la nullité de l’arbitre pouvait toujours être invoquée pour dissuader toute théorie du complot. De nos jours, la vidéo est utilisée, tout le monde a vu cette faute sur laquelle nulle interprétation n’est possible, ce qui ne peut que faire passer les explications possibles de la simple cécité à la tricherie consciente (0-1, 54e).
Pourquoi ? Pour qui ? Eh bien j’ai envie de dire, démerdez-vous, on n’est pas Médiapart ici. Et les joueurs non plus d’ailleurs, la seule chose qu’ils peuvent faire en l’espèce, c’est de jouer, et en l’occurrence la demi-heure restante s’apparente à un long calvaire. Découragés, fatigués, ou simplement nuls, les Olympiens ne parviennent plus à s’approcher de la surface, évoquant justement le spectaculaire lâchage collectif qui avait suivi ce fameux Bordeaux-Marseille dont nous parlions plus haut.
Peu de choses se passent hormis un coup-franc de Payet bien repoussé par Lopes, et quelques taquets lyonnais dont nos adversaires auraient eu bien tort de se priver. Le coup de grâce est donné à un quart d’heure du terme, quand Guendouzi voit sa passe interceptée. Offensive sans être pressante, notre équipe ouvrait déjà au milieu de terrain rhodanien des boulevards en contre-attaque. Malo Gusto est cette fois-ci lancé sur la gauche, où Caleta-Car laisse curieusement à Harit la priorité pour défendre. Amine n’y parvient pas, et Dembélé reprend d’une tête au premier poteau, devant un Saliba inattentif et un Lopez décoratif (0-2, 76e).
Pour l’anecdote, Bakambu entre à la place de Milik, moins pour réduire le score que pour enrichir notre bêtisier des attaquants (même si celui-ci pourrait déjà occuper la moitié des téra-octets de la bibliothèque de l’Alcazar). Lyon salope ainsi une passe en retrait qui permet à Dieng de récupérer et de centrer en retrait pour Cédric, absolument seul mais qui s’embronche lamentablement au moment de reprendre. Pour ajouter une petite innovation, signalons que Lyon joue habilement la contre-attaque, jusqu’à prendre à revers toute la défense dans notre surface, Toko-Ekambi concluant à la réception d’un centre de notre gauche (0-3, 88e).
Le public a le bon goût de ne pas trop tenir rigueur à nos joueurs de cette défaite, qui ne dispensera cependant pas l’OM de tirer quelques bilans douloureux en fin de saison. Pour lamentable et inacceptable que fut le déroulement arbitral de la soirée, l’OM n’en demeure pas moins maître de son destin sur les quatre à cinq matchs qui lui restent à jouer : réciter le petit Larousse de la scatologie à l’adresse de la maman d’Anthony Gauthier est une œuvre de salubrité publique en ce lundi matin, mais toujours est-il que la manière dont s’achèvera la saison sera de notre responsabilité, et de la nôtre seule.
Les joueurs
Lopez (2/5) : Arbore au poignet les saints-stigmates du péché humain. Une fois qu’on a dit ça, ça serait pas mal qu’il ressuscite enfin, à un moment.
Lirola (2/5) : Il tient une mi-temps d’honorable facture avant de se remettre à donner des centres au gardien. C’est donc un progrès, qui à ce rythme devrait trouver son aboutissement pendant la trêve de juin-juillet.
Saliba (2/5) : Maîtrise une main dans le slip la multitude de longs ballons lyonnais. En dehors d’une nouvelle saute de concentration qui nous coûte un but, d’accord, mais sinon il a maîtrisé une main dans le slip.
Caleta-Car (2/5) : De même que le précédent, un match fort honnête jusqu’à ce coup de frein brutal alors qu’il s’apprêtait à aller déboîter un centreur avec gourmandise. Ce faisant, il a laissé se débrouiller un Harit aussi doué pour défendre que moi pour faire les 32 fouettés du Lac des Cygnes mais, hop, l’essentiel est sauf, Duje n’a pas fait d’erreur.
Kolasinac (2-/5) : Échoue à son tour au challenge « faites-nous tresser des louanges à un latéral titularisé par Sampaoli » (Rongier y parvient parfois mais lui il triche, il passe la moitié de son temps au milieu du terrain).
Guendouzi (62e, 1/5) : Impuissant dans le jeu et coupable de l’interception fatale. Ne reste qu’à passer l’éponge en attendant jeudi, en espérant que Mattéo ait pu trouver quelque repos dans cette inhabituelle heure de présence sur le banc.
Kamara (2+/5) : Très solide jusqu’à l’ouverture du score lyonnaise, à la suite de laquelle les vannes du milieu de terrain se sont ouvertes à nos adversaires.
Gueye (2+/5) : Pour lui aussi, le but lyonnais suffit à lui provoquer une évaporation soudaine. Sans réclamer de nos joueurs d’être des surhommes en matière de maîtrise de soi, il va falloir travailler cette notion de réaction aux injustices, sinon à ce rythme on risque de finir par péter un câble dès que l’arbitre se sera trompé sur une touche à la 14e minute d’un Marseille-Lorient.
Harit (74e) : Entré dans un contexte de craquage collectif, sur lequel il n’a pu influer.
Gerson (3/5) : Si seulement avant le match l’arbitre et nos attaquants n’étaient pas entrés dans les téléporteurs de « La Mouche » en compagnie d’un porc de 350 kilos, la deuxième période aurait été rendue anecdotique et nous serions tous en train de faire reluire le membre turgescent de notre empereur du cool.
Rongier (86e) : Petit échauffement avant jeudi, quand le Rongieur sera réellement attendu.
Payet (3/5) : De même que Gerson, Dimitri avait pourtant fait le nécessaire pour plier l’affaire en 45 minutes, douche comprise, ce sont les circonstances extérieures qui l’ont conduit à réclamer davantage de lui (avec insuccès, donc).
Ünder (1/5) : Assez lassant, cette équipe digne d’une Renault Mégane sur laquelle, à peine une pièce réparée, c’est une autre qui lâche.
Dieng (62e, 2+/5) : « Pour travailler ta finition, tu devrais regarder des attaquants plus expérimentés, profite donc de l’exemple de Milik ou Bakamb… non, profite plutôt de la salle vidéo, on a plein de VHS de Jean-Pierre Papin. »
Milik (1/5) : Apparemment, il a eu vent d’une reconduction de Sampaoli si on se qualifiait pour la Ligue des Champions.
Bakambu (86e, 1/5) : Oui, en général on ne note pas les joueurs entrés pour moins de 25 minutes. Mais avouez que son enchaînement « ratage ridicule + but en contre-attaque » mérite d’être inscrit dans l’Histoire.
L’invité zoologique : Malo Gusthon
Le thon est un animal vorace et migrateur, remarquable pour sa capacité à localiser les bancs de sardines pour revenir régulièrement s’y nourrir sans la moindre difficulté. Il s’agit donc de l’invité approprié pour commenter avec nous ce match.
– Les autres : on ne parlera pas ici de jeu, ni de talent individuel, mais bien de cette incroyable confiance dans leur capacité à nous fister en toutes circonstances. C’est assurément à saluer et à jalouser.
– Le classement : Rennes et Monaco reviennent à trois points, les Bretons disposant en outre d’une différence de but favorable qui n’en rend que plus ténu notre avantage. Pour l’exercice mathématique, on relèvera que nous pouvons désormais finir au pire sixièmes.
– Coming next : Le retour contre Feyenoord jeudi ? Crucial. Le déplacement à Lorient dimanche ? Crucial. Le déplacement à Rennes samedi 14 ? Crucial. La réception finale de Strasbourg le 21 ? Eventuellement pas cruciale, mais seulement si on a tout bien fait avant. Bref, comme disait le philosophe, « on se reposera quand on sera morts ».
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Olivier L. remporte le concours zoologique malgré ses initiales infamantes mais bon, on n’est plus à une humiliation près.
Bises massilianales,
Blaah.