Aïoli les sapiens,

Le printemps est en avance, il fait beau et doux, on sort d’une victoire inespérée à Lille, nous avons ouvert une autoroute vers la 2e place. Dimitri Payet est de retour de sa brève absence, et Thauvin lui-même est enfin en phase de reprise. Le calendrier dantesque qui nous imposait deux ou trois matchs par semaine n’est plus qu’un souvenir, et nous ouvre une période plus apaisée au cours de laquelle l’angoisse du résultat immédiat pourra enfin céder la place à un travail plus serein.

Bref, ce jour de réception de Nantes, le monde est doux comme un rayon de soleil couchant sur le sein satiné de Scarlett Johansson. Nous sommes beaux comme Yves Montand dans le Salaire de la Peur : brisés, meurtris, mais heureux d’avoir survécu à l’enfer et d’en être sortis plus riches. Enfin, une fois débarqué sans dommage le chargement de nitroglycérine qui a failli nous péter une demi-douzaine de fois à la gueule, mourir comme des cons en ratant le premier virage sur le chemin de la maison.


L’équipe

Mandanda
Sarr– Alvaro – Caleta-Car – Amavi
Sanson– Kamara (Strootman, 71e) – Rongier (Aké, 71e)
Germain (Lopez, 80e) – Benedetto– Payet


Sakai est forfait pour cause de blessure légère, tandis que Radonjic doit désormais se remettre de son opération. Payet, lui, est de retour en pleine forme, et Florian Thauvin ne devrait plus tarder à l’être également.

Les photographes étaient nombreux à la Commanderie pour témoigner du parfait état de santé de Florian au moment de sa reprise.


Le match

Sérénité ou pas, l’OM entend bien ne rien changer à ses fondamentaux, qui consistent essentiellement à ne rien tenter et à laisser les autres se démerder avec la balle. Kamara récupère des ballons par paquets de seize, Alvaro et Caleta-Car maîtrisent les attaquants une main dans le slip, rien que des faits très habituels qui semblent justifier chez nos joueurs l’absence totale de volonté d’aller passer la ligne médiane.

Face à des adversaires un peu moins manches que l’ordinaire de la Ligue 1, l’OM finit fort logiquement par payer l’addition du jeu de cons auquel nous nous livrons match après match. Bouna Sarr est déposé par son ailier, qui adresse un centre parfait pour Limbombe au second poteau. Oublié par un Jordan Amavi en ayant soudain marre de s’appliquer, le Nantais dépose une tête plongeante imparable (0-1, 31e).


Nos joueurs s’apparentent de toute évidence à cette catégorie de boxeurs incapables de se mettre en colère tant qu’ils n’ont pas reçu un bon pain dans la gueule. Une fois ce préalable acquis, la réaction est immédiate : comme par miracle nos joueurs montent tous d’un cran sur le terrain, appuient leurs duels, récupèrent les seconds ballons et, surtout, respectent enfin la condition essentielle pour réussir des combinaisons offensives : se trouver dans le camp adverse en un nombre supérieur à un.

Or donc, Kamara récupère le ballon comme d’habitude, si ce n’est que l’action se déroule à 30 mètres du but nantais et non du sien. S’ensuit un centre dévié de Sarr qui revient sur Bouba, lequel décale Sanson qui place sans contrôle un délicieux enroulé dans la lucarne (1-1, 39e).

Un coup-franc effleuré par Germain suivi d’un service de ce même Valère pour Sanson, seul mais qui rate sa reprise, nous confortent sur la capacité de l’OM à reprendre le contrôle du match. Elle conforte même tellement nos joueurs que ceux-ci s’imaginent pouvoir jouer la seconde période une main dans le slip avec la certitude que la victoire sera au bout. Un péché d’orgueil disproportionné par rapport à leurs qualités réelles,  qui réclament au contraire humilité et concentration. Non seulement le moindre relâchement de notre part nous renvoie à notre sempiternelle impuissance offensive, mais l’OM y ajoute un ingrédient aussi rare que fatal : l’erreur individuelle stupide.

Lui si habitué à sauter à la gorge du moindre défenseur tardant à ressortir sa balle, Rongier se trouve pour une fois dans la position de la proie. A l’entrée de notre surface, Valentin se voit désossé par Simon : le ballon revient aussitôt sur Bamba qui, des seize mètres, convertit l’offrande d’une très jolie pichenette poteau rentrant (1-2, 53e).


L’OM, la réaction des joueurs, le coup du boxeur en colère, tout ce genre de choses… certes. Sauf que parfois, à force de se prendre des mandales, le boxeur ne se met pas en colère : il tombe KO, tout simplement. Ainsi, nos joueurs n’expriment pas leur contrariété en mettant en place un pressing phénoménal, mais plus basiquement en fonçant tout droit dans la défense et en faisant les pleureuses auprès de l’arbitre au moindre ballon perdu.

L’OM ne se donne pas la moindre chance de revenir avant la 86e et un coup-franc vicieux de Payet sorti in extremis par le gardien. Dans la foulée, le corner voit Caleta-Car remettre en retrait pour Alvaro, idéalement placé mais qui ne cadre pas sa reprise. Nantes profite même de nos montées anarchiques pour placer ses contres : le premier est annihilé par une sortie magistrale de Mandanda hors de sa surface. Hélas, le dernier pilier de l’équipe cède à son tour juste après, cafouillant un tir de Bamba jusqu’à ce qu’Alvaro finisse par marquer contre son camp dans la confusion (1-3, 92e).

Après délibération du jury, cette prestation immonde par la suffisance déplacée des joueurs (et sans doute de l’entraîneur) sera passible d’un Monsieur Lapin avec sursis : à charge pour eux de montrer dès le prochain match que cette leçon est assimilée : compte tenu de notre talent plus que limité, d’une part tout relâchement nous est prohibé, et d’autre part, il faudrait voir parfois à viser des  victoires en comptant sur autre chose qu’une réaction inattendue, un exploit de Payet ou un bon gros coup de chatte.


Les notes

Mandanda (2+/5) : Nous voyons s’ébaucher sous nos yeux la première équipe fractale, dont les composantes partagent les caractéristiques du tout : en l’occurrence réussir le plus périlleux pour se foirer sur l’anodin. Brocoli power.

Sarr (2-/5) : Battu à la course sur le premier but. Or un Bouna Sarr qui ne peut pas compter sur sa vitesse, c’est comme un Stephen Hawking qui ne peut pas compter sur son cerveau : il ne lui reste plus grand chose.

Alvaro (2+/5) : Cruel et immérité dénouement pour Alvaro, qui a passé de longues minutes dans la peau d’un fonctionnaire municipal marseillais essayant de secouer ses camarades pour qu’ils fassent leur boulot correctement. Finalement, une occasion ratée et un CSC plus tard, le voici prêt à prendre sa carte à Force ouvrière.

Caleta-Car (3-/5) : Toujours aussi autoritaire dans ses interventions, quoique contrarié par un détail agaçant chez ses adversaires : au lieu de se rouler en boule pour méditer sur le sens de la vie, normal quoi, ils continuaient à presser pour récupérer le ballon. C’est déroutant.

Amavi (2/5) : Une erreur de marquage de Jordan, c’est comme quand le Oaistar refait un concert en formation punk. C’est la nostalgie de l’authentique, c’est le retour aux fondamentaux, c’est l’assurance d’un bon mal de crâne le lendemain.

Kamara (4/5) : Tellement impossible à esquiver que Jacques-Henri Eyraud a songé à lui mettre une chasuble Action contre la Faim, pour aller taper de l’argent aux passants rue Saint-Fé.

Strootman (71e, 2/5) : Pion crucial du coup tactique majeur entrepris par Villas-Boas, destiné à semer le doute dans la tête des Nantais (qui ont effectivement froncé le sourcil droit l’espace d’une demi-seconde avant de n’absolument rien changer à leur contrôle de la rencontre).

Rongier (1/5) : Après le pénalty raté de la semaine dernière, Valentin continue à faire tout son possible pour que l’on ne soit pas ridicules en Ligue des Champions l’an prochain.

Aké (71e, 2/5) : Une situation de frappe idéale à la 90e, moment auquel Marley a vu sa vie future défiler devant ses yeux : praline en lucarne, égalisation inespérée, héros du soir, coqueluche de tout Marseille, espoirs démesurés, passera le reste de sa carrière à se faire insulter ses grands-mères à chaque contrôle manqué. Du coup, il a choisi la passe en six-mètres, c’était plus prudent.

Sanson (3-/5) : Infâme dans le jeu mais auteur d’un très joli but, tout le dilemme de l’académicien est de savoir s’il faut dissocier le tâcheron de l’artiste.

Germain (1+/5) : Sa performance Lilloise l’a rendu crédible pendant une semaine, soit à peu près autant que Christian Estrosi quand il s’est déclaré résistant à l’extrême-droite.

Lopez (80e) : S’illustre uniquement en fin de match en n’attaquant pas une passe à ras-de-terre de 30 mètres, ce qui laisse tout le loisir au défenseur d’intercepter et de lancer la contre-attaque du 3e but. Si tu te sentais des choses à prouver à l’entraîneur, c’est réussi.

Payet (1+/5) : Il a fait comme tous les autres, il a attendu que Dimitri débloque la situation.

Benedetto (1/5) : Tu t’es fait dompter par un mec que l’on surnomme Nicolas Palourde, respecte-toi, un peu.


L’invité zoologique : Waldemar Kouteau

Autrefois réputé chez les gastronomes pour la délicatesse de sa chair, le couteau est tombé en désuétude et ne se connaît guère plus des zoologistes que par sa capacité à s’enfoncer très profondément dans la vase. Il s’agit donc de l’invité approprié pour évoquer avec nous ce match contre Nantes, quoique ces derniers aient démontré leur capacité à trouver d’autres substrats où s’enfoncer également très profondément.  

– Les autres : Savaient du début à la fin ce qu’ils avaient l’intention de faire et, à la différence des nombreux peintres qui peuplent la Ligue 1, disposaient de joueurs techniquement capables de le réaliser.

– Le classement : Lille reprend déjà les trois points perdus dimanche dernier. En étant de mauvaise foi, on pourrait éventuellement dire que nous compliquons le chemin de Lyon vers la qualification en Ligue Europa.

– Les boutons : Les boutons qui figurent sous cette académie t’invitent à nous donner respectivement de tes mots et de tes sous. Vois comme ils sont beaux, attrayants et doux au cliquer.

– Les réseaux : Ton dromadaire blatère également sur Facebook, Twitter et Instagram. Un malheur n’arrivant jamais seul, c’est Babas qui remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,
Blaah.

4 thoughts on “OM-Nantes (1-3) : La Canebière Académie dérape

  1. On sort même pas de l’hiver qu’on nous met des gens qui jouent à marquer des buts en face. Encore heureux que personne ne se soit claqué

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