OM-PSG (0-3) : La Canebière Académie se fait taper, taper, taper
Ceci n’est pas une défaite encourageante.

Aïoli les sapiens,
La victoire dantesque d’il y a trois semaines, en Coupe de France, nous a ouvert l’appétit. La réception d’un PSG lesté de doutes devait donner ou non le droit à notre bande de mal dégrossis de lutter jusqu’à la fin de saison pour le titre de champion. Problème, l’état des deux effectifs n’est pas aussi favorable ce soir qu’il ne l’était au premier acte. Les parisiens enregistrent ainsi le retour de Mbappé, qui a pour ce club la même vocation que le service d’ordre pour Emmanuel Macron : être le seul rempart qui empêche son employeur de recevoir jour après jour toutes les schiaffes qu’il mérite.
Côté Marseillais, la blessure de Gigot et la suspension de Mbemba constituent des handicaps bien pires encore, ce que le score final n’a pu que confirmer : privé de ses garçons bouchers, l’Olympique s’est fait tourner comme à Pigalle.
Les Longorious Basterds
Lopez
Bailly (Clauss, 66e) – Rongier – Balerdi
Nuno Tavares – Veretout – Guendouzi – Kolasinac
Ünder (Payet, 80e) – Malinovskyi (Ounahi, 80e)
Sanchez (Vitinha, 80e)
Outre les absences susmentionnées, Tudor nous fait la surprise de laisser Clauss sur le banc. Bailly est affecté à la surveillance de Mbappé, secondé sur le côté droit par Nuno Tavares. Rongier alterne son rôle au milieu avec celui de troisième homme en défense, dans l’espoir d’une performance de même niveau qu’à son premier essai.
Le match
Les deux équipes commencent par se prendre à coups de séries de corners, ce qui est l’équivalent du reniflage d’anus mutuel pour les chiens. Une sorte de « round d’observation », comme on dit. Les choses sérieuses n’attendent toutefois guère, puisque Malinovskyi lance Nuno Tavares seul face au but dès la 12e minute. L’action nous permet de confirmer que Nuno appartient, comme Clinton Njie, à ce type de joueur dotés d’un rapport particulier aux notions d’espace et de temps. Constatant que son avance lui offre une demi-seconde de réflexion sur la meilleure solution de tir, Nuno enclenche ses circuits synaptiques. L’information sur le position du gardien se transfère au niveau quantique pour circuler entre les neurones de notre ailier, toute la fascinante machinerie du cerveau humain se met en branle pour fouiller dans ces cartes-mémoires biologiques d’un nanomètre, rassembler, analyser et, in fine : choisir. Et tout ceci en une malheureuse demi-seconde. Mais une demi-seconde de réflexion de Nuno Tavares à l’échelle quantique, c’est un quart d’heure dans le monde réel : avant que Nuno n’ait pu esquisser un tir, un défenseur revient et dégage la balle.
Nous nous efforçons de gommer de notre esprit toute analogie entre ce raté et celui de Valère Germain en finale de Ligue Europa. Après tout, l’OM domine un PSG replié, et se procure encore des situations intéressantes. Un nouveau tir est d’ailleurs foiré par Nuno après une jolie déviation de Sanchez. Quel que soit le résultat final, se dit-on alors, l’OM nous donne la satisfaction de regarder le PSG dans les yeux, cherchant la victoire non comme un exploit mais comme un objectif en tant que second du championnat défiant le leader.
Las, les parisiens nous ramènent sur terre en appuyant là où ça fait mal : en cassant notre pressing de deux passes au milieu de terrain. Pas assez hauts pour défoncer un milieu adverse mais trop pour aider la défense, Balerdi et Kolasinac sont troués par Vitinha et Messi : ce dernier n’a plus qu’à lancer Mbappé à droite de la surface, pour la conclusion que l’on devine (0-1, 25e).
L’égalisation dans la foulée est refusée à Bailly, pour une faute de main si nette qu’on n’a même pas songer un instant à insulter la mère de Clément Turpin. Pire, un nouveau pressing à la rasbaille est sanctionné d’un une-deux entre Nuno Mendes et Mbappé. Cette fois-ci, c’est Nuno Tavares qui est parti à la pêche : il revient comme un dératé, très bel effort défensif que l’on aurait pu saluer si seulement il ne s’était pas précipité sur celui des deux parisiens qui était déjà pris par Bailly. Mbappé s’échappe donc à gauche, constate que Bailly est revenu face à lui dépourvu de la moindre intention de l’empêcher de centrer, et profite de sa liberté pour adresser une passe plongeante pour Messi. Dans le dos de Balerdi, l’Argentin conclut une main dans le slip (0-2, 29e).
Cinq minutes ont ainsi suffi à changer les espoirs insensés du début match en crainte, plus habituelle, d’une bonne grosse branlée. Même à 0-2 pourtant, l’OM d’il y a trois semaines aurait largement conservé de quoi traumatiser ce PSG. Mais il apparaît bien vite que quelque chose s’est cassé après ces deux buts, et que les guerriers possédés par le feu mystique en coupe sont redevenus d’honnêtes joueurs de football. Contre le PSG, c’est insuffisant, surtout quand dans le même temps les joueurs parisiens se sont décidés à produire enfin des efforts en rapport avec leur salaire.
Le slipomètre s’affole ainsi jusqu’à la pause, quand Messi rate le but vide, puis sur un face-à-face avec Mbappé remporté de justesse par Pau Lopez, voire quand Marquinhos retrouve ses jambes de vingt ans pour partir dans le dos de Rongier et tirer de peu à côté. Nous ne devons quant à nous nous contenter que d’un coup franc de Sanchez, facilement claqué par le gardien.
Ces équilibres ne changent pas fondamentalement en seconde période. Certes, une sortie sous LSD de Donnarumma aurait pu nous remettre dans le match, si Alexis avait mieux ajusté son lob. Notre milieu de terrain continue à presser la fleur au fusil, absolument pas suivi par la défense. Là où Gigot et Mbemba auraient compensé tout défaut de pressing en envoyant un quintal d’amour sur les chevilles adverses, Bailly notamment reste recroquevillé vingt mètres plus bas dans la terreur d’un nouvel appel de balle de Mbappé. Le double-effet est radical : après un nouveau pressing cassé, Messi dispose de tant d’espace que, malgré sa promesse faite au soir du titre mondial de revenir à Paris en n’en ayant absolument plus rien à branler, l’Argentin se sent tout de même obligé d’envoyer un caviar. Quant à la peur panique de Bailly envers Mbappé, elle s’apparente à celle du lapin pris dans les phares d’un SUV : tétanisé, Eric laisse l’attaquant partir à la réception de la balle piquée et conclure de volée (0-3, 55e).
Il ne reste dès lors plus qu’à tenter de sauver l’honneur, ce à quoi s’emploie Sanchez à la réception d’un centre d’Ünder. La tête du Chilien est malheureusement parée par une RAIE de Donnarumma. Cette dernière partie ne présente que peu d’intérêt, Paris gérant tranquillement son avance et n’étant titillé que par quelques tirs sporadiques. Découragés, nous manquons d’allant et aussi de précision technique. En toute fin de rencontre, Nuno Tavares enchaîne un joli démarrage à gauche et un centre parfait pour le nouvel entrant Vitinha, seul mais qui ne trouve rien de mieux à faire que de tirer droit sur le gardien.
Il en va de la défaite de ce soir comme de la neige qui tombe actuellement sur cette académie (poésie nivale, t’as vu) : lourde, froide et humide, mais anecdotique. Pour peu que l’on atteigne la seconde place en fin de saison, en l’agrémentant d’un trophée en coupe de France, cette désagréable soirée ne représentera qu’un moment fugace. Ces objectifs sont loin d’être acquis : raison de plus pour ne pas s’appesantir et repartir très vite de l’avant.
Les joueurs
Lopez (3/5) : Serein et efficace tout au long du match malgré les trois buts imparables et l’hypothèse jamais totalement exclue que Mbappé puisse l’humilier en lui collant 5 pions dans la mouille. On salue le sang-froid.
Bailly (1/5) : Rappelons avant toute chose que non, un défenseur n’est pas nul parce qu’il a n’a pas réussi à contenir des appels de balle de Mbappé. D’ailleurs, si Tudor a choisi d’aligner Eric malgré son manque de rythme, ce n’était sans doute pas dans l’espoir qu’il gagne des duels à la course, mais plutôt qu’il canalise le sauvageon avec les armes d’un défenseur d’expérience : l’intelligence, le placement, le vice, les doigts dans le cul, la violence gratuite. Merde quoi, faudrait quand même s’interroger sur le rapport d’Eric à l’agressivité : de la part d’un mec qui se transforme en Hannibal Lecter face à un gentil footballeur amateur, on aurait pu attendre qu’il ne se laisse pas pisser dessus 66 minutes en continu par un petit con arrogant sans au moins lui coller un bon tacle des familles. Et Clément Turpin, tu y as pensé à Clément Turpin, Eric ? Deux semaines qu’il se sègue à l’idée d’arbitrer un OM-PSG, et toi et tes potes vous lui faites finir le match sans avoir donné un seul carton jaune. Sûr que la prochaine fois qu’il te croise, il te met une expulsion gratuite juste pour te punir de lui avoir gâché sa soirée.
Clauss (66e) : Sans éclat mais nous permet une fin de match à peu près digne.
Rongier (2-/5) : Trop vite, trop nombreux, trop partout, les parisiens ont éventé la ruse du match précédent.
Balerdi (2/5) : Se fait éparpiller autant que les autres avant de produire une deuxième période d’honnête facture, qui plus est une fois replacé à droite après la sortie de Bailly. Les pessimistes constateront que Leo a bu la tasse, les optimistes diront que pour une fois, il n’a pas fini en Petit Grégory.
Nuno Tavares (2-/5) : J’ai vu le XV de France cet après-midi, à tout prendre je préfère nos niqués du teston aux leurs : eux, leur Nuno Tavares, il pèse un quintal et il manque de tuer des adversaires en se jetant dessus la tête la première. Nous, on a beau dire, le Portugais n’a encore attenté à la santé de personne (si l’on excepte les arrêts cardiaques chez les supporters, d’accord).
Guendouzi (2/5) : Il a essayé mais l’ambiance n’y était pas. Aucune interpellation d’arbitre avec des cris suraigus, aucune altercation, peu de fautes de pute. C’était pas le soir. D’ailleurs, soit dit en passant de manière générale, on veut bien être tolérants pour cette fois mais on espère ne pas attendre encore onze ans avant que ce le soit de nouveau, le bon soir.
Veretout (1/5) : On mesure ce soir plus que n’importe quand la nécessité pour le « taper, taper, taper », de disposer d’un bloc cohérent et sans faille. Dès que l’équipe toute entière ne forme pas un groupe de soudards orienté d’un seul tenant vers le pressing cannibale de l’adversaire, nos milieux s’exposent à être touillés comme des petits oignons dans une soupe de nouilles.
Kolasinac (1+/5) : De la défense appliquée, mais des espaces laissés ouverts. De la présence offensive, mais sans efficacité. De l’âpreté au duel, mais sans aucun os brisé. Bref, lui non plus n’était pas dans les dispositions maximales pour affronter le PSG.
Ünder (1+/5) : La défense hésitante et le pressing dépassé, voilà qui est traité : abordons désormais le chapitre offensif, ce qui sera encore plus rapide puisqu’après 20 minutes encourageantes, nous avons déposé les armes sitôt l’avantage pris par nos adversaires. Si on est aussi organisés sur le long terme pour lutter contre la réforme des retraites, on est bons pour pointer au bureau jusqu’à nos 80 ans.
Payet (80e) : Il a l’air d’avoir bien mangé et bien dormi.
Malinovskyi (2/5) : De bonne volonté mais brouillon, et je m’arrête là parce que ça fait un quart d’heure que j’essaie sans succès de trouver quoi dire de plus sur Ruslan. Du coup je vais traiter Gérald Darmanin de fils de pute, tiens, même si ça n’a rien à voir au moins ça meuble toujours agréablement.
Ounahi (80e) : Anecdotique.
Sanchez (2/5) : Même lorsque la soirée tourne au mauvais pastis, Alexis ne dévie pas de sa tâche consistant à supprimer des dictionnaires marseillais le mot « découragement ».
Vitinha (80e) : On l’a trop saoulé avec Christian Gimenez, Valère Germain ou Cédric Bakambu qui marquaient dès leur arrivée, du coup Vitinha a choisi de bien saloper une énorme occasion, contre le PSG qui plus est, pour bien montrer qu’il n’a rien à voir avec eux. Habile.
L’invité zoologique : Kylian Mbaleine
La baleine est le genre d’erreur de la nature hors de proportions que l’honnête homme peine à ferrer simplement muni de sa canne à pêche Décathlon. Il fut un temps où ce genre d’animal se chassait en lui vissant des crampons harpons dans la chair, mais il paraît que ce genre de pratique est désormais punissable.
- Les autres : Partagent avec les Girondins de Bordeaux le fait de réserver leurs capacités d’effort physique uniquement à notre endroit (ou en l’occurrence notre envers), plutôt qu’à d’autres comme Rennes ou Lens. Une fois ces dispositions d’esprit acquises, ne leur reste plus qu’à mettre en œuvre une tactique particulièrement élaborée (donner le ballon à Mbappé).
- Le classement : si l’on se place dans l’optique du titre, on est plutôt mal barrés. Si l’on considère plus sagement la course à la 2e place, la lourde défaite de Monaco et le nul de Lens limitent la portée de ce revers.
- Coming next : Comme on a déjà pu le dire, cette soirée ne pèsera pas lourd dans les mémoires, mais à une seule condition : que l’on se qualifie en Ligue des Champions et que l’on remporte la coupe de France. Deux objectifs qui nous appellent à ne pas faire les cons cette semaine, avec la réception d’Annecy en quart de finale et un déplacement périlleux à Rennes.
- Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Max von Thb remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah
Au moins on est resté sur notre envie de jouer. Si Nuno ouvre le score c’est pas la même. Par principe j’ai quand même insulté deux trois fois Turpin, faut pas deconner
Monsieur Blaah, merci pour l’hommage à Pigalle (volontaire j’imagine) dans votre chapô