OM-Troyes (3-1) : La Canebière Académie se remet d’aplomb

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Bah voilà quand vous voulez.

Aïoli les sapiens,

Les sociologues ont abondamment documenté l’angoisse qui étreint tout au long du week-end de plus en plus de travailleurs à l’idée que le lundi matin arrive toujours plus tôt qu’espéré. Insidieuse, l’anxiété empêche d’abord de savourer le film du dimanche soir. Chez Luke Seafer, les idées noires s’accumulent dès le dimanche après-midi en l’empêchant d’apprécier totalement la performance de Tadej Pocacar à l’Amstel Gold Race. La grasse matinée d’un dimanche matin n’a plus la même douceur, la cuite du samedi soir perd sa vocation festive pour ne plus servir qu’a assommer ce lundi de plus en plus obsédant et, dans les stades finaux qui précèdent le burn-out total, la pause de fin de semaine n’apparaît plus que d’une complète vacuité à l’idée que, quoi qu’il arrive, il faudra vite retourner au chagrin.

Mais ça, c’est pour ceux qui ne suivent pas l’OM : grâce à l’Olympique de Marseille le retour du lundi matin n’est plus qu’une perspective vague, lointaine et innocente. Quand dès le vendredi soir notre esprit est torturé par la manière dont l’OM va s’arranger pour tout saloper le dimanche à 20h45, ce n’est pas la vie de bureau qui va nous faire peur.

Et puis paf, de temps à autre, il arrive contre toute attente que l’OM nous fasse passer un bon moment : réel changement d’attitude, ou simple piqûre destinée à réveiller notre attention pour mieux savourer le prochain crash ? Faute de réponse immédiate on rappellera ici les trois principes essentiels : 1°) savoure l’instant – 2°) reste vigilant – 3°) nique Macron.


Les Longorious Basterds 

Lopez
Mbemba – Gigot – Kolasinac (Bailly, 76e)
Kaboré – Rongier – VeretoutClauss
Ünder (Payet, 81e) – Vitinha – Sanchez (Malinovskyi, 76e)

Hormis nos deux Marocains forfait pour la fin de saison, Tudor dispose de tout son effectif. Un temps écarté en raison de soucis physiques, Mbemba revient et renvoie Balerdi sur le banc. De nos deux latéraux en phase de boulétisation sévère, Igor juge Clauss le plus récupérable et sacrifie donc Nuno Tavares. Surtout, l’entraîneur ne s’arrête pas aux débuts difficiles de l’association Sanchez-Vitinha et retente la combinaison. Sans révolutionner le XI de départ, on peut néanmoins saluer le fait d’avoir posé quelques gestes.


Le match

Les ajustements de la composition ne seraient rien sans quelques coups de pied au cul judicieusement dispensés au cours de la semaine, et qui ont visiblement permis à nos joueurs de retrouver l’ardeur au pressing qui faisait leur force. Dès les premiers ballons échangés, un « taper taper taper » de trois minutes s’enclenche, qui finit par faire vomir le ballon aux Troyens sous la pression conjuguée de Kaboré, Ünder et Vitinha. Notre avant-centre s’engouffre du côté droit vers la surface, tente une passe pour Sanchez qu’un défenseur intercepte. Le ballon revient sur Vitinha : contrôle, pivot, sacoche en lucarne, et voilà ce qu’on appelle un numéro neuf merci de votre attention (1-0, 3e).

L’enflammade vitinhesque naissante en prend toutefois un sacré coup quand, à l’issue d’un travail magnifique de Kolasinac, Ünder croise trop sa frappe qui échoit au Portugais seul à deux mètres du but vide. Vitinha se débrouille pour rater le cadre, passant comme il se doit de favori au Ballon d’or à clone onéreux de Saber Khalifa.


Malgré tout, l’OM semble avoir retrouvé la bonne manière de traiter les blocquéquipes recroquevillés, laquelle est directement inspirée du schéma français de maintien de l’ordre (le vrai, pas l’édition expurgée qu’on envoie à la Cour européenne des droits de l’homme). Inlassablement, ça tabasse et ça pourchasse du Troyen jusque dans les toilettes du Vélodrome, une domination absolue qui ne s’accompagne que d’un léger bémol : grisés par leur capacité retrouvée à traiter leur adversaire comme de la merde, nos joueurs s’amusent à combiner dans la surface en oubliant parfois la finalité du jeu, qui consiste à tirer et marquer des buts. Quand on sait à quel point notre confiance est fragile en ce moment, on se prend à espérer qu’aucun événement fâcheux ne vienne nous faire regretter cette domination trop stérile.

Cela étant, les Champenois sont tellement saoûlés de coups que l’un des leurs se laisse aller à une désorientation fatale : une passe latérale plein axe dans son propre camp, il n’en faut pas plus pour que le Rongieur se précipite sur le malheureux destinataire et le prive incontinent du ballon, qu’il expédie aussitôt vers Ünder à droite de la surface. Après 16 567 tentatives non cadrées consécutives, Cengiz réussit enfin à placer son fameux enroulé poteau rentrant (2-0, 40e).

Les désillusions ajaccio-annécio-strasbourgeoises étant passées par là, même ce net avantage contre une équipe de victimes absolues ne nous permet pas d’être absolument sereins. C’est à la reprise que l’on commence à se détendre un peu le slip, en constatant que la domination olympienne ne souffre d’aucun relâchement. Tout au plus peut-on s’impatienter devant un nouveau face-à-face raté de Vitinha, dont la similitude avec une certaine action ratée en finale de Ligue Europe nous laisse conclure sans aucun doute que nous tenons-là le clone définitif de Valère Germain. Notre puissance est cependant telle qu’à force d’occuper la surface adverse, la probabilité d’un nouveau craquage troyen s’accentue de minute en minute. Les corners s’enchaînent ainsi, jusqu’à ce que Kolasinac décroise une tête sur le poteau : au rebond, Vitinha conclut, d’un réflexe qui laisse à penser en toute objectivité que nous tenons-là le clone d’Erling Haaland (3-0, 64e).


Les Troyens se montrent résignés, comme cela était de toute façon le cas depuis le coup d’envoi. Le match plié, on peut regretter que l’OM ne soigne pas davantage la différence de but, ce qui aurait pu être le cas avec un peu plus de précision de la part de Sanchez, ou un peu plus de promptitude à tirer de la part de Rongier. De quoi contenter ceux qui tiennent absolument à leur déprime dominicale, d’autant que l’OM dépose en outre une petite crotte de nez à leur intention : sur un corner renvoyé par la défense, Clauss perd la balle à l’entrée de la surface adverse et laisse deux Troyens partir en contre. Kaboré ralentit une première fois l’action mais, secondé par le replacement de dégun, doit tout de même affronter un nouveau face-à-face dans notre surface : cette fois-ci, Baldé parvient à le mettre sur le cul pour ajuster Lopez de près (3-1, 91e).

Si les plus traumatisés d’entre nous se projettent déjà au soir du 3 juin et à notre deuxième place perdue à la différence de but, on retiendra quant à nous un changement d’attitude salutaire de l’équipe, des choix judicieux de Tudor, des individualités au niveau et un avant-centre qui plante un doublé. Maintenant qu’on tient cela de nouveau, on ne veut plus le voir se reperdre au cours des sept matchs qu’il nous reste à disputer.


Les joueurs

Lopez (3-/5) : Réveillé en sursaut alors qu’à la 90e minute les statistiques faisaient encore état d’une Xs (expected sieste) de 99,7 %.

Mbemba (3/5) : Un match discret, plutôt bon signe sur le plan du collectif si l’on considère que Kaboré et Ünder ont fait du suffisamment bon boulot sur le côté droit pour éviter à Chancel de devoir aller déborder à leur place.

Gigot (3/5) : Les Troyens ont attendu que Samuel soit monté sur corner à la 91e minute pour ébaucher une contre-attaque sans craindre de se faire désosser dès le premier duel, un peu comme des souris qui se dépêchent d’aller choper un grain de riz à la cuisine pendant que le chat de la maison est parti à son bol de croquettes.

Kolasinac (4/5) : Il a même réussi à passer quelques beaux dribbles, facilités certes par le fait que ces duels défensifs ont incité les Troyens à planter leur tête dans le sol en criant « Maman » à chaque fois qu’ils le voyaient approcher.

Bailly (76e) : On parle assez de la malédiction de Balerdi à qui il suffit d’une erreur pour que l’on encaisse inévitablement un but. Mais que dire de celle de Bailly qui n’a même pas besoin de commettre une erreur pour qu’on prenne un but : il lui suffit d‘entrer en jeu.

Kaboré (4-/5) : Un match quasi-parfait jusqu’à cette 91e minute où il s’est rappelé qu’en tant que latéral de l’OM, il y avait quand même certaines traditions à respecter, bordel de merde.

Rongier (4-/5) : Du très bon Rongieur jusqu’à l’entrée de la surface, un peu moins à la conclusion des actions où l’on ne sait plus très bien ce qui s’avère le plus énervant : voir Valentin refuser de tirer, ou voir la gueule de ses tirs. Avec un peu moins de branlette au moment de faire un choix, il avait pourtant de quoi facturer un ou deux buts sans problème.

Veretout (3/5) : Un match efficace et sans grande aspérité, ce qui incite comme vous le savez désormais à ne pas épiloguer davantage et à profiter plus judicieusement de l’espace réservé à cette note pour rappeler que Gérald Darmanin est une merde.

Clauss (3-/5) : Son premier sprint défensif sentait la vodka-pomme jusque dans le téléviseur. Malgré cette crainte initiale, Jonathan a pleinement participé à la domination olympienne, jusqu’à un coup de moins bien dans les dernières minutes et cette perte de balle fatale.

Ünder (4/5) : Des semaines d’efforts infructueux, une énergie dépensée de manière redoublée, une ténacité excluant tout renoncement, et finalement la réussite : à part chez le branleur qui s’était juré de parvenir à l’orgasme devant une photo d’Elisabeth Borne tenant un code du travail, on n’a jamais vu une telle persévérance.

Payet (81e) : On aimerait tant le voir récompensé d’un but dans des soirées comme celle-ci… disons qu’il se réserve pour l’ouverture du score à la 93e minute contre Lens.

Sanchez (3+/5) : N’a pas trouvé le chemin des filets mais a trouvé un avant-centre à qui faire des passes, on n’est pas loin de croire qu’il préfère ça.

Malinovskyi (76e) : Encore un espace vacant pour un joueur de qui l’on n’a pas grand-chose à dire. Nous voici démunis, alors que l’on comptait beaucoup sur Jean-Marie Le Pen pour nous donner l’occasion d’une vanne de remplissage.

Vitinha (4-/5) : Une énorme activité, autant de gestes décisifs de pur-avant-centre que d’occasions énormes ratées : les connaisseurs du football peuvent affirmer de manière certaine que Vitinha est le clone d’Ibrahima Bakayoko.


L’invité zoologique : Gauthier Etalon

Ne rien faire à part se vider les couilles une fois par an, telle est la fonction de l’étalon, dont l’essentiel de l’existence consiste donc à brouter son pré en regardant passer la vie, dans l’attente que quelqu’un vienne de temps à autre lui rappeler à quoi il peut bien servir. Il s’agit donc de l’invité approprié pour évoquer la plupart des équipes de bas de tableau de Ligue 1.

  • Les autres : On rigolait des déclarations de Tudor après Lorient-OM, notre entraîneur se plaignant des contrarié »tés imposées par le bloc défensif adverse : nous soulignions alors que d’évidence, aucune équipe ne viendrait nous affronter dans l’optique de nous donner complaisamment son cul. Or nous devons donc des excuses à Igor : visiblement, de telles équipes, ça existe encore.
  • Le classement : Le PSG bat Lens, ce qui nous éloigne d’un titre de toute façon largement illusoire, mais nous permet en revanche de repasser d’un point devant nos rivaux pour la deuxième place. Monaco reste en embuscade à trois points.
  • Coming next : Lyon, Auxerre, Lens, Angers, Lille, Brest Ajaccio : tel est notre programme final, qui paraît un peu plus aisé que ceux de Lens et Monaco (qui doivent également se rencontrer). On irait même jusqu’à dire que, déplacement à Lyon ou Bollaert mis à part, la plupart des rencontres devraient nous permettre d’amasser des points une main dans le slip si seulement l’OM avait l’idée d’assumer définitivement son statut face aux équipes plus faibles (hypothèse exprimée ici seulement à titre théorique, nous avons bien qu’il n’en sera rien).
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Rémy B. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah

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