AC Ajaccio – OL (2-1) : La Gones Académie livre ses notes

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Mauvaise opération pour le maintien.

Contexte

La dernière fois que j’ai écrit un contexte pour une acad, c’était celle du match de dimanche, contre Nantes, et je l’ai écrit avant-hier. Depuis, évidemment, l’OL a gagné, Gomis a marqué, Briand a bien joué. Oui mais voilà : cet épisode improbable s’il en est remet-il quoi que ce soit en question ? Est-ce que des alignements approximatifs des Nantais, un coup-franc direct et un formidable cadeau arbitral suffisent à oublier un mois de prestations bâclées, d’individualités approximatives et de collectif à la ramasse ? Toutes ces interrogations, c’est donc à Ajaccio qu’on va essayer de les dissiper. Et malheureusement, vu l’intitulé de la question, il y a de quoi douter de la réponse.

Inutile de ressasser les événements récents, donc : vous les trouverez dans les nombreuses académies publiées ces jours-ci. J’aurais aimé vous faire un comparatif entre l’OL et ses concurrents directs, mais si seulement on savait qui sont les concurrents directs de l’OL… Non, décidément, le seul contexte qui compte en ce moment, c’est celui des Lyonnais. Un peu comme ce garçon bourré qui fait abstraction du monde extérieur en pensant que ce concentrer sur son taux d’alcoolémie l’aidera à se sentir mieux. Problème : je mentionnais dans l’académie de Nantes cette particularité qui fait la force d’Aulas, cette capacité à attirer l’attention en cas de coup dur. Elle s’accompagne d’un verrouillage de la com dès que ça va mal, pour éviter la dispersion. En clair : l’OL va mal, mais on ne sait pas pourquoi. D’aucuns évoquent un manque de cadres, d’autres des conflits en interne, ça va même jusqu’à la prise de grosse tête de certains jeunes. Je ne dis pas que ces hypothèses sont farfelues, je dis juste qu’elles ne sont qu’hypothèses, et qu’au moment où l’OL est en plein doute, la plupart des supporters ont cette impression étrange de voir leur club dériver vers des horizons obscurs sans pouvoir aller à la barre, ni même savoir si quelqu’un y est. La seule façon de connaître la situation de l’OL est donc de regarder les résultats, et de croiser les doigts pour qu’en interne, le maximum soit fait pour que ceux-ci reviennent : voilà l’état d’esprit au moment où l’OL part sur l’île de beauté.

Formation

Pendant le match de Nantes, Dabo avait passé 55 minutes sur le terrain à regarder ses copains jouer, avant de sortir sur blessure : la place sur le côté droit de la défense était donc vacante cette fois. Miguel Lopes toujours blessé, c’est donc Gueida Fofana qui assurera l’intérim au poste, comme il le fait quelquefois. J’ai vu, parfois, des Lyonnais se réjouir de ce positionnement : un coup de chaud, sans doute. Sur le reste de la ligne de défense, aucun changement : Koné, Umtiti, Bedimo.

Devant, aucun changement par rapport à dimanche : Gonalons-Malbranque-Grenier au milieu, Briand à droite, Lacazette à gauche, Gomis en pointe. Les optimistes diront qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Les pessimistes demanderont comment on aurait pu la changer de toute façon.

 

Compo AJA

Le match

Début de match un peu tranquille, Umtiti commence à se friter gentiment avec un joueur de l’équipe à domicile pour montrer qu’il n’a pas peur. Sacré Sam. Dans les 5 premières minutes, plus de tacles appuyés que de gestes techniques malicieux. Le match pourrait presque être diffusé sur NT1 avec des commentateurs ayant lourdement abusé de boissons énergisantes.

Le match s’anime tranquillement après ça : à la 15e minute, Frappe du gauche de 20 mètres de Gomis, très belle frappe et OH OUI MAIN OPPOSÉE RICHARD ! OOOOOOH CA SUFFIT ! Ochoa semble plutôt en forme, et le corner ne donne rien. Si en plus le mexicain est en forme, on risque de passer une sale soirée.

Devinez qui, de l’autre côté du terrain, n’est pas en forme du tout ? Ceux qui ont répondu Koné dans leur tête ont gagné. Le Général confirme tout le bien qu’on pensait de lui en se faisant prendre par l’appel d’un joueur qui a marqué un but en L1 de toute sa carrière. Heureusement pour Arrache, Lopes est sympa : une sortie approximative permettra au bon Salim de gonfler ses stats de 50% d’un coup, comme ça. 18e minute, l’OL est mené sur le terrain d’Ajaccio, et un peu partout en France, des Gones excédés ferment leur streaming.

Aint-Nobody-Got-Time-for-That
Le repli défensif, t’en penses quoi, Bako ?

Le pire dans tout ça, c’est que la mi-temps se termine tranquillement, comme on finirait un amical de juillet sans vouloir trop forcer. Si, tout de même, une péripétie amusante : 42e minute, Malbranque sèche Cavalli, qui décide alors de nous offrir une chorégraphie que les meilleurs danseurs étoiles ne renieraient pas : un total de 8 tonneaux, puis des mouvements de douleur comme si Steed lui avait planté une décharge de Taser. Devant sa télévision, Mathieu Valbuena a versé une larme devant une telle perfection technique.

Cavalli ChatTel maître, tel animal : des images exclusives du chat de Cavalli.

On dénombre également 2-3 petites occasions de part et d’autre, mais rien de réellement notable, comme si on était sur un score qui arrangeait tout le monde. Pourtant, c’est bien la tête basse que les Lyonnais rentrent au vestiaire. L’occasion pour le commentateur de BeIn de s’éclipser de sa cabine, et donc de nous offrir 15 minutes de ralentis sans son pendant qu’il va se chercher son hot-dog ketchup moutarde avec beaucoup de ketchup.

La deuxième mi-temps reprend un peu mieux, l’OL pousse sans pour autant se montrer vraiment dangereux. 47e minute, coup-franc pour Clément Grenier : l’occasion parfaite pour masquer une prestation qui s’annonce encore une fois très limite. La frappe est bonne, bien que trop centrée. Dommage, ça ne sera pas encore cette fois que Clément reviendra à Lyon en héros.

Le rôle du héros, c’est un garçon que l’on avait un peu oublié qui l’endosse quelques minutes plus tard : au terme d’une action de possession autour de la surface ajaccienne comme il y en a eu beaucoup, Malbranque hérite de la balle dans la surface. Pas vraiment attaqué par des défenseurs qui cherchent à couvrir ses portes de sortie, il décoche une frappe sans élan qui part dans le petit filet opposé. 1-1, et puisque les Ajacciens se sont beaucoup repliés pour éviter de prendre ce but, on se dit que la chance va peut-être enfin nous sourire.

Une dizaine de minutes plus tard, Salim Arrache sort, remplacé par un obscur numéro 33 qui n’a pas de nom sur son maillot. On ne les connaît que trop bien, ces petits jeunes à qui on daigne accorder du temps de jeu mais qui ne font rien de mieux que des appels pas servis. Sauf que cette fois, non. 3 minutes plus tard, Camara est lancé par une bonne passe en profondeur de Cavalli, un placement désastreux d’Umtiti et un arbitre assistant hésitant à signaler ce qui ressemble pourtant à un hors-jeu (.net) en bonne et due forme. Lancé en 1 contre 1, le petit Camara trompe logiquement Lopes, et laisse 20 minutes à l’OL pour sauver le peu de dignité qui peut encore l’être.

Bien sûr, c’est peine perdue : des actions plus ou moins concrètes ne suffiront jamais aux lyonnais pour mettre ce but salvateur. Dans les arrêts de jeu, Grenier a une dernière chance de prolonger d’une semaine la hype à son sujet, mais son coup-franc est joliment détourné par Ochoa sur le poteau. Avant la fin du match, pourtant, Lacazette décide d’y aller de sa contribution, en augmentant encore un peu le niveau de honte des supporters lyonnais : gratifié d’un carton jaune pour contestation, il applaudit l’arbitre juste devant ce dernier, s’offrant par la même un carton rouge totalement idiot à quelques secondes de la fin. Bravo Alex, bravo les gars. C’est vrai qu’on avait eu tort de se réjouir après le match de Nantes, heureusement que vous êtes là pour nous ramener sur terre et nous rappeler que la saison va être longue, très longue.

Notes

Lopes (1/5) : Bien sûr qu’il ne peut rien sur le deuxième but, bien sûr qu’il a sorti un bon arrêt sur une frappe lointaine en première mi-temps, mais quand on prend deux buts sur 3 tirs cadrés, il y a peut-être des questions à se poser. Surtout sur ce premier but, marqué par une sortie qui manquait cruellement de réflexion.

Fofana (1/5) : Si Fofana est latéral droit, moi je suis une pornstar mexicaine. Le garçon affiche des qualités défensives pas négligeables pour ce poste, mais c’est bien tout ce qu’il a à offrir. Ses montées étaient insuffisantes, ses combinaisons avec Briand très hésitantes, pour rester poli. Fofana doit jouer, mais au milieu de terrain. Pas à essayer tous les postes du terrain à dépanner le manque de solutions de Garde.

Koné (0/5) : Il n’est pas la cause des problèmes de l’OL, il en est le symptôme. Si les Gones sont obligés d’aligner ce joueur 3 matches de suite, c’est bien que quelque chose ne va pas. Constamment dépassé, Bako se verra complètement à la ramasse sur les photos dans la presse demain. On n’en est plus à espérer une prise de conscience de sa part : on n’en est plus à espérer quoi que ce soit, en fait.

 

MétaphoreCeci est une métaphore de l’adaptation de Koné au haut niveau.

Umtiti (1/5) : D’habitude, quand il est aligné à côté du Général, on a tendance à dire qu’il rattrape les conneries de son acolyte. Sauf que cette fois, il a décidé de se mettre au niveau, beaucoup trop souvent pris de vitesse par des attaquants qu’il aurait dû museler tranquillement. Pas de quoi se faire du souci pour lui, mais la preuve qu’on ne peut pas toujours compter sur des gamins, aussi bons soient-ils.

Bedimo (3/5) : Même si on ne tient pas encore une assurance tous risques, Bedimo confirme peu à peu une bonne intégration, et ses prestations ressemblent plus à sa bonne saison 2011/2012 qu’au dernier exercice, qu’il a traversé comme un fantôme. Aujourd’hui, il est l’un des rares à s’en sortir, notamment parce qu’il n’a jamais été fautif. On s’en contentera.

Gonalons (???) : Franchement, là, je sais pas. J’ai regardé le match pourtant, croyez-moi, mais j’ai aucun souvenir de fait marquant impliquant Gonalons. J’aurais pu lui mettre une mauvaise note en invoquant son manque de présence, évidemment, mais là je l’ai si peu vu que je ne saurais même pas quoi écrire. Non noté, donc, et c’est peut-être ce qui pouvait lui arriver de mieux.

Malbranque (3/5) : Moi qui suis clairement membre de cette frange des Lyonnais qui ne veut plus voir Malbranque titulaire pour laisser sa chance à des joueurs moins âgés, je peux aussi reconnaître quand je suis en tort. Même si le milieu lyonnais n’a pas eu le poids créatif nécessaire, Malbranque a bien récité sa partition, en offrant une bonne présence physique face à une équipe qui n’en manquait pas, et bien sûr en marquant un but au bon moment, pour récompenser un temps fort. Le Steed qu’on aime.

Grenier (2/5) : Quand j’ai découvert il y a quelques jours qu’il était le joueur le mieux noté de L’Equipe sur ce début de saison en Ligue 1, mon sang n’a fait qu’un tour. Ayant toujours détesté par principe ce qui avait trop de succès à mes yeux (Soyons sérieux, Oasis n’aurait jamais dû avoir un tel succès, et le jour où ils se sont séparés, j’ai repris deux fois de la compote), je me suis senti investi d’une mission divine : ouvrir les yeux à la France sur l’imposture. Grenier est bon, mais il n’est pas le meilleur joueur de champ de Ligue 1, loin s’en faut. Mais aujourd’hui, inutile de le descendre : tout le monde a vu un Grenier parfois hésitant, qui a perdu beaucoup de ballons, mais qui a failli sonner la révolte parfois. Pas encore le grand meneur dont on a besoin, mais toujours nécessaire. Ce qui veut dire beaucoup sur le niveau des autres.

Briand (1/5) : Toute la bonne volonté du monde ne suffit pas. Trop hésitant, sans aucun automatisme avec Fofana sur l’aile, Briand n’a pas pesé, pas cette fois. C’est dommage, j’avais envie d’y croire.

Gomis (1/5) : Je lui accorde tout de même un point parce qu’il a pesé sur la défense parfois, et parce que sa frappe vers le quart d’heure de jeu était très belle, surtout du pied gauche. Pourquoi pas plus d’un point ? Aujourd’hui, Gomis a perdu environ une trentaine de ballons. A trop vouloir croire qu’il nous a manqué, n’oubliez pas pour autant ce qu’il lui manque.

Lacazette (0/5) : Le meilleur pour la fin. Alexandre, même si je n’y crois pas un instant, j’espère sincèrement que par un concours de circonstance, tu liras ces lignes. Les quelques bonnes actions que tu as réalisées ce soir, et qui ont fait dire à certains lyonnais que ceux qui te critiquaient sur ce match “ne comprenaient rien au foot” ne me suffisent pas. Restons donc sur ce champ lexical de la suffisance : toi, Alexandre Lacazette, 22 ans, tu ne joues plus dans l’axe de l’OL, tu joues sur l’aile. Et dans ta grande intelligence, tu estimes que ta place n’y est pas, et que le meilleur moyen d’exprimer ton mécontentement est de jouer au ralenti, voire pas du tout. Je suis atterré pas tant de stupidité. A force de ne pas jouer sur l’aile, tu mériterais de ne plus jouer du tout. Peut-être te vois-tu attaquant de pointe de l’Equipe de France et de je ne sais quelle équipe étrangère qui ne sait même pas qui tu es. Ce destin doré, j’ai eu envie d’y croire parfois, au gré d’un match réussi, de buts qui comptent, d’un esprit qui me plaisait. Mais le Lacazette que je vois aujourd’hui, il n’a rien à faire dans mon OL.

Pas besoin de mentionner Pléa et Fekir, ils n’ont eu aucun rôle à jouer. En résumé, j’espère avoir vu ce soir ce que l’OL avait à nous offrir de pire. Sans stratégie, sans projet, sans envie, ce club que nous aimons tant peut rapidement disparaître dans les profondeurs du classement. Et ce Stade des Lumières qui nous cause tant de soucis, peut-être ne vivra-t-il qu’au rythme des concerts de Bénabar ou de Zaz, et pas des matches de Ligue 1 d’une équipe qui ne suscitera plus la passion, ni même la curiosité de sa ville. Si les temps sont durs, le futur l’est peut-être encore plus.

Gérard Côlon

10 thoughts on “AC Ajaccio – OL (2-1) : La Gones Académie livre ses notes

  1. Désespérant je trouve… Et dire qu’on nous a vendu (avec Fierrot en VRP de poids) Gomis et Briand comme les sauveurs de l’OL… Dommage qu’on ait pas eu un CFC juste après pour voir ce qu’il allait dire…

    Je suis désolé, mais quand on vend un produit vérolé, on doit en assumer les conséquences niveau SAV !

  2. Quelle tristesse, et pourtant on parle d’un club qui finit toujours au pire 4ème depuis la fin de son règne. En gros il a suffit qu’on se plante sur 2-3 gros transferts pour gacher durablement tout ce qu’on avait mis si longtemps à batir, pendant que le PSG se permet de mettre 30M pour un défenseur de 19ans car même un flop ne l’handicaperait pas.

  3. Effectivement ca fait mal au derche, je ne sais même plus quoi répondre à mes collègues allemands qui me demandent ce qui s’est passé à l’OL…
    Allez on se serre les fesses et on bouge les coudes, tous ensemble…

  4. On avait un des calendriers de début de championnat le plus favorable, et pourtant, on a paumé contre Ajaccio, Reims, Evian…
    @Chantivlad, j’ai peur que serrer les fesses ça suffise pas, il vaut mieux accepter que ça va piquer.
    Ca ira mieux quand on aura un grand stade, et des investisseurs Chinois.

  5. PS: Le Troll sur Oasis, difficile de résister…Surtout sur Grenier qui est ressemble à Pete Doherty…ça fait double-troll

  6. Plus sérieusement,

    Merci Gérard.

    Très bonne académie !

    Mais comme Horsjeu.net nous propose de lire des académies de bretons, de teuteus, de rosbeefs, de tiers monde, voire pire : de parigôts, de sardines, de Gromerdiers et de Rouazh Tamère (elle vient juste de sortir de mon grenier et double v.(d.)t.f.e. aux rennaises).

    Depuis l’absence d’Eva G. et le chômage de Marco Matrix, rien n’est plus pareil…

    Bonne Continuation

  7. L’OL est revenu à sa place, et l’anomalie de l’histoire s’est terminée. Comme elle a commencé: par des histoires de sous.

    Comment voulez-vous construire une domination nationale en se fondant sur une logique financière si votre club a une assise populaire réduite?

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