Notre Footballologue analyse Espagne X France, 1-1

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Une analyse plus pointue qu’une frappe de Djibril Cissé

En sens inverse…

…des aiguilles d’une montre, le petit train de la Masia mène le jeu espagnol. Silva en guise de Messi, l’axe formé avec Xavi indique le couloir gauche comme objectif. A destination, les catalans bientôt rejoints par Silva installent une zone de densité faite de toros en attente de ligne de fuite dans les couloirs (Jordi Alba ou, côté opposé via transversales de Xabi Alonso vers Arbeloa.) Pilote de la Barkina depuis 2008, Del Bosque maîtrise désormais l’engin au point d’imposer Cazorla pour Silva (blessé, 10ème) dans la machine cognitive catalane. Sous le tic-tac au long-court de Xabi Alonso, l’Espagne alterne construction puis recherche de profondeur sur les côtés et accentue le pressing autour de la 20ème minute. Quatre minutes plus tard, Debuchy concède un corner que Xavi dépose sur la tête de Puy…Ramos, poteau, Pedro à la récupération, contres, conclusion de Ramos: 1-0, 24ème. Le Barça renforcé de quatre madrilènes et un gunner tiki-takatent de tous côtés et, sauvés de l’égalisation par l’arbitre, réparent l’injustice en faisant briller Lloris sur le penalty de Fabregas, puis les frappes de Pedro et Arbeloa (40ème et 44ème.)

 

Pour battre l’Espagne

…, il faut battre le Barça. Pour battre le Barça, il faut étudier le jeu du Portugal. Pour comprendre le jeu du Portugal, il faut demander à l’entraîneur du Real. Ou compter sur Benzema pour témoigner…et pester contre le système éducatif français. Sinon:

  • Dès la médiane, défendre en lignes serrées afin de limiter les espaces (< 15 mètres entre les lignes)

  • Défendre la zone rouge sans entrer dans sa surface = mode défensif « push up »: forcing de défenseur sur le passeur tandis que le latéral couvre en cas d’échec/ risque de « louches » et autres « cloches » en profondeur

  • Contrer sur couloir droit = création d’une zone de densité sous la zone de construction espagnole côté gauche

  • Centrer pour un finisseur venant de la gauche = zone désertée par les espagnols

ATTENTION: Des petits malins sont encore tentés de contrer à gauche, généralement parce qu’ils contrent « là où » et « quand ils » le peuvent…ou que leur meilleur impact player a décidé qu’il ne jouerait que là. Si l’effort est louable, voire parfois concluant, il reste peu pertinent. La stratégie militaire insiste sur la nécessité d’attaquer du fort au faible, c’est à dire de concentrer son offensive sur le flanc découvert de l’ennemi. Dans le cas espagnol, la tentation est de contrer vers la gauche, côté opposé de la zone de densité ibère. Toutefois, l’attaque se réalise en deux temps: 1. Relance-combinaison-centre 2. Finition. Si la phase 1 se déroule à gauche, l’essentiel du collectif espagnol bloqué côté opposé a le temps de se replier pour intercepter le centre. A contrario, relancer dans le dos de ce collectif l’exclut définivement de l’action, en sus de le forcer à défendre (donc partir plus bas) ou de perdre – éventuellement – la balle à l’opposé de Xavi, coeur de la Barkina.

Parti de l’étranger…

…, Deschamps en revient avec une culture tactique toute italienne. Aussi n’est-il pas étonnant de le voir reproduire le schéma de Ancelotti sous la tunique marine. Socle de cinq dans la zone rouge, une gonade par zone verte et foi en la Sainte Trinité PDF (Passeur, Dribbleur, Finisseur.) Las! Deschamps a conservé de la France ce goût pour l’équilibre et la symétrie qui, des jardins aux systèmes tactiques en passant par la ligne Maginot ou le trio offensif de ce match, empêche tout effet de surprise. Si le stratège italien a coutume d’installer son trio dans un couloir afin d’y créer une zone de densité selon la règle « du fort au faible », « trois pommes » compose le sien de deux dribbleurs qu’il condamne à la craie sous un finisseul. La présence de Cabaye faisait espérer une tactique asymétrique dans laquelle Gonalons-Matuidi soutiendraient un côté droit où Debuchy-Cabaye-Ménez renforcés de Ribéry combineraient jusqu’au centre pour Benzema mais l’impuissance tricolore autant que l’absence de dézonage du bavarois ont condamné une équipe trop prévisible au confinement en zone verte.

 

Valbuena entre…

…pour Gonalons et les vieux démons du 4231 redescendent sur la pelouse. Enfin 10, le marseillais assure le lien entre les deux ailes mais n’est décisif que lorsqu’il se porte en soutien d’un dribbleur et de Benzema dans un couloir…soit la constitution d’une zone de densité autour d’une Trinité PDF (passeur-dribbleur-finisseur.) En face, les espagnols répondent à d’éventuelles tensions par la possession (près d’une minutes et vingt secondes suite à l’occasion de Benzema, 64ème) mais le greffon gunner est rejeté, en témoigne une combinaison Iniesta-Xavi-Fabregas que Cazorla enraye en cherchant trop rapidement la profondeur (60ème.) Ménez sorti pour Sissoko, les bleus insistent – certes- couloir gauche, Benzema manque l’égalisation (64ème) et multiplie les approximations (68ème, 79ème) avant de sortir pour Giroud (87ème.) Couvert par Sissoko, Debuchy emprunte son couloir et centre sur la tête du néo-gunner (88ème) avant que Ribéry n’oblige Casillas (89ème) qui cède au duo: centre de Ribéry, tête de Giroud, 1-1, 93ème. Dans l’enthousiasme, personne pour remercier les ibères de leur corner Ginola ou de la passe de Juanfran (ou Sergio?) à Ribéry, ni même pour interroger un système qui confond l’équilibre et l’utile.

16 thoughts on “Notre Footballologue analyse Espagne X France, 1-1

  1. Ménez est une catastrophe, combien la FFF reçoit des qataris pour que ce type porte encore ce maillot?

  2. Deschamps les a bien analélysées !

    il leur a mis un de ces Fouquet’s en 2ème mi temps. :D

  3. Désaxer les atouts de l’équipe, comme le préconise le Vénérable, ne serait pas conforme aux préceptes taoïstes d’équilibre et d’harmonie qui doivent se rechercher en toutes choses.

    Les médias ne s’y sont pas trompés, célébra

  4. (merde, éjaculation précoce de mon commentaire, comme un symbole de l’Equipe du jour. Tant pis, la flemme de réécrire.)

  5. L’harmonie et l’equilibre n’obligent pas à la symetrie…

    L’environnement in-forme le flux de la meme façon qu’il met en forme les fractales du vivant

  6. « Pour battre l’Espagne…

    …, il faut battre le Barça. Pour battre le Barça, il faut étudier le jeu du Portugal. Pour comprendre le jeu du Portugal, il faut demander à l’entraîneur du Real. Ou compter sur Benzema pour témoigner…et pester contre le système éducatif français. Sinon: »
    Ca attaque fort !!
    Merci j’ai tout compris

  7. La différence de perception ne tient-elle pas à une certaine incommunicabilité sur la notion-même d’harmonie, que vous esquissâtes au travers de la dichotomie « équilibre/utilité » ?

    La métaphore du jardin à la française que vous employâtes ne serait-elle pas ainsi une vue adaptée aux objectifs de cette équipe de France certes, mais aussi aux médias nationaux et par la même de la Nation toute entière ?

    Face aux enjeux d’une victoire ou d’une défaite qui eussent fait l’objet de désaccords infinis (le résultat est-il compatible avec la morale voire l’esthétique, et autres vaines questions), la pseudo-sagesse ne résidait-elle pas dans l’obtention de ce résultat équilibré, apte à susciter une communion médiatique apaisante bien que factice ? Les lignes tracées par le schéma Deschamps-Le Nôtre sont droites, sont propres, ne dessinent-elles pas ainsi l’image d’une France fantasmée, qui « file droit » pour parler trivialement ?

    Mais dans ce cas, ne confond-on pas rigueur et pusillanimité en effet ? Se contenter d’un résultat nul, valeureux certes mais qui n’interdit pas aux commentateurs de garder affûtés leurs couteaux médiatiques en prévision d’ultérieurs revers de fortune ?

    Auquel cas en effet, l’harmonie prônée par Deschamps serait assimilable, n’ayons pas peur des mots, à celle théorisée par Hu Jintao, confondant la stabilité avec l’absence de mouvement et, in fine, l’absence de vie.

    Comme un enfant, l’Equipe de France ne devrait pas chercher à se rassurer mais au contraire se confronter à l’apprentissage de la marche, cet équilibre résultant d’une succession de déséquilibres. Par son match nul, l’Equipe de France a en effet appris à ne pas tomber. Mais a-t-elle réellement appris à avancer ?

    Footballologue, je crois que vous m’avez convaincu.

  8. Ca me laisse tout dubitatif, cette lecture. Je dubite sec, footballologue. Mais je trouve aussi que vous auriez pu rendre hommmage au sens tactique de Pat’ Evra, qui multipliait les contre-performances et les matchs insipides depuis deux ans dans le seul but de mettre Juanfran en confiance au point de tenter le grand pont hara-kiri de la mort qui tue à la 93ème. Je crois que je suis plus stagiaire autiste que footballologue.

  9. Moi j’aimerais bien savoir pourquoi le footballologue a failli se tromper en écrivant « Puygrenier » à la place de « Ramos » sur la description du but espagnol.

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