Monaco-OM (3-1) : la Canebière Académie a fait le deuil

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Comme à la parade.

Aïoli les sapiens,

L’avantage d’être un supporter relativement ancien, c’est d’être suffisamment accoutumé aux saisons de merde pour saisir sans trop de casse mentale le moment où il est superflu de maintenir le moindre espoir. S’il n’y avait pas cette coupe de France bâtarde pour permettre à la part la plus irrationnelle de notre être de s’accrocher à un lambeau d’espérance, nous pourrions d’ores et déjà déclarer dépassé le jour de libération anale. Pour rappel, ce concept (inventé ici) est basé sur le principe du « jour de libération fiscale » censé symboliser le moment où le revenu des contribuables a fini de couvrir leur impôt annuel : le jour de libération anale représente le moment où l’absence d’enjeu sportif autorise les supporters à n’en avoir rien à branler de la fin de saison. 

Bien sûr, il ne saurait être question de s’abstenir d’inviter tous ces gougnafiers à aller niquer leurs mères, une fois de plus. Mais, l’âge et la sagesse aidant, tout ceci peut se faire sans haine et dans un relatif détachement : puisque l’espoir est mort, la déception d’une défaite ne peut être un prétexte pour gâcher les beaux moments que la vie nous offre hors olympique. Par exemple, aujourd’hui, je suis allé voir des flamants roses s’enculer, et j’ai même entendu le cri du ragondin. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais je n’avais jamais entendu le cri du ragondin. Ça fait une sorte de « mê » aigu, un peu comme un agneau mais sans chevrotement. C’est assez inattendu et rigolo. Le cri des flamants aussi c’est rigolo, mais c’est plus connu.

Dans un souci de vous procurer apaisement et sérénité, nous vous proposons d’accompagner cette académie par une séquence d’ASMR camarguais. Fermez les yeux. Imaginez le souffle léger du mistral dans vos cheveux. Les mesures sanitaires ont vidé la région des parisiens et autres Néerlandais. Vous êtes seul au monde. Les fracas de l’actualité ne sont plus qu’un lointain écho, vous êtes connecté à l’énergie de la nature, tout le reste vous paraît futile. Vous êtes bien. Vous êtes détendu. 

BIEN. Maintenant, parlons de ces connards d’abrutis de mes couilles :


L’équipe

Mandanda
Lirola – Alvaro – Caleta-Car – Sakai
Cuisance (Khaoui, 77e) – Balerdi – Gueye
Thauvin (Germain, 67e)  – Benedetto (Milik, 59e) –Radonjic (Payet, 67e)

Grande nouvelle sur le front du mercato, l’attaquant de renom et de Naples Arcadiusz Milik nous offre l’imbécillité suicidaire l’honneur de signer chez nous et, au vu de notre potentiel offensif, est aligné incontinent sur la feuille de match. Le club d’Aston Villa, quant à lui, formule pour Morgan Sanson une offre à la lisière du blanchiment d’argent sale hauteur du talent de notre milieu de terrain, qui s’envole aussitôt pour Birmingham. Kostas Mitroglou, quant à lui, est enfin libéré de son et de notre calvaire.

Chez les blessés, Amavi, et Kamara sont forfait, de même que Rongier à la dernière minute. Balerdi est donc aligné en sentinelle, tandis que Michaël Nuisance est enfin aligné à ce qui est supposé être son poste. Chez les U9, Thauvin a le droit de jouer tandis que Payet est mis au piquet, les deux se croisant juste pour le goûter à la 67e minute.


Le match

L’OM ne sait pas jouer au football, c’est acquis. En revanche, on ne peut pas nier que nous sommes capables de garder un fond de pressing cohérent entre dix minutes et un quart d’heure par match, comme c’était d’ailleurs le cas contre le PSG récemment. Fort de ces deux postulats, Caleta-Car ne s’ennuie pas à demander à ses coéquipiers de construire et envoie plutôt une tartine longue distance. Parti dans le dos d’une défense encore endormie, Radonjic se présente seul face au gardien et conclut l’action avec la plus inattendue lucidité, donnant un point à l’OM et aux croyants en la grâce divine (0-1, 12e).

L’OM se voit ainsi doté d’un avantage inespéré que l’équipe s’emploie corps et âme à défendre pendant tout le temps additionnel. Si seulement nous n’étions pas tombés une nouvelle fois sur un arbitre anti-olympien au possible : figurez-vous que cet enculé a fixé le temps additionnel à UNE HEURE ET DIX-HUIT MINUTES ! Je vous mets au défi de trouver des arrêts de jeu aussi longs, et comme par hasard juste au moment où l’OM mène au score ! Si avec ça vous ne voyez toujours pas le complot arbitral contre notre club, je ne peux plus rien faire pour vous.


Avec le courage de onze chèvres de Monsieur Seguin, l’OM s’arc-boute dans son camp, la conservation de balle devenant chose secondaire. On avait pu auparavant dénoncer l’état d’esprit infâme de nos joueurs, force est de constater que cette fois-ci la motivation et la solidarité semblent au rendez-vous pour la plupart d’entre eux. Au demeurant, c’est une attitude un peu embêtante pour André Villas-Boas, puisque par élimination la principale raison du marasme reste donc bien qu’il est infoutu depuis un an et demi de les faire jouer ensemble à quelque chose qui ressemble au football.

Le coup de sifflet de l’arbitre intervient comme une libération, le slipomètre olympien étant au taquet depuis la 30e minute et deux occasions manquées on ne sait trop comment par les rouge-et-blanc. Si l’on peut saluer la résistance des joueurs, le détail ennuyeux, donc, est qu’il leur reste encore 45 minutes à agoniser. Plein de compassion, Maripan abrège leurs souffrances dès la reprise en mangeant sur la tête d’Alvaro à la réception d’un corner (1-1, 47e).


Dès lors, sur le modèle de Jean Castex devant le coronavirus, nous attendons la troisième vague en nous demandant simplement à quel moment et avec quelle force nous allons la recevoir dans la gueule. Différence notable, Villas-Boas n’a pas attendu pour confiner l’équipe, lui. Après une demi-heure supplémentaire de domination monégasque assortie de notre côté par des pertes de balle à chaque passe vers l’avant, l’arbitre assistant accorde un corner injustifié à Monaco.

Cet extrait d’une académie de 2018 s’est affiché de manière intempestive. Je ne sais pas pourquoi mais je ne parviens pas à l’ôter. Je vous prie de m’en excuser.


À l’image de je ne sais plus quel super héros dans je ne sais plus quel Marvel de merde (je sais très bien que c’est Vif-Argent, mais j’aime bien placer des figures de style destinée à marquer le fait que j’ai des goûts artistiques supérieurs à ceux du peuple), Tchouaméni baisse le short de Balerdi, lui met un doigt dans le cul, remonte son short, file afficher « Mandanda j’ai baisé ta femme »  sur l’écran du stade, vient se placer à la réception du corner, marque, va discrètement effacer son message, et se replace. Évidemment, un œil non mutant voit seulement Leo lâcher le marquage en se vautrant au sol et Mandanda sortir n’importe comment : la fourberie est parfaite (2-1, 75e).

L’OM jette toutes ses forces dans la bataille, et par conséquent perd des ballons comme jamais. Un peu lent à réagir sur un centre renvoyé par Balerdi, Gueye accroche un monégasque à l’entrée de la surface : Jovetic se charge de donner le mot de la fin à ce match et aussi, on l’espère, à André Villas-Boas, ce mot étant : LA LOURDE (3-1, 90e).


Les joueurs

Mandanda (2-/5) : Comme tout le monde, il a longtemps souhaité retarder l’échéance, avant de se rendre compte qu’il valait mieux voir en face la cruelle vérité de notre jeu plutôt que de se pavaner sur un point miraculeusement arraché. Non Messieurs les joueurs et dirigeants, Mandanda ne s’est pas déchiré, il a déchiré le paravent de vos illusions (quand même, quelle sortie de merde, quand on y repense).

Lirola (3-/5) : « Bienvenue Pol, alors je vais te présenter tes coéquipiers : lui c’est Florian Thauvin, avec qui tu joueras sur le côté droit. Il fait la gueule à Payet, il fait la gueule à tout le monde parce qu’Eyraud et Longoria ne lui proposent pas assez, du coup il se replace pas et de toute façon il part en fin de saison au plus tard. Bref, il est un peu soupe au lait mais c’est un bon garçon, je suis sûr que vous allez vite trouver vos automatismes. Et bon courage, hein, en tout cas tu vas pas regretter d’être venu. »

Alvaro (2/5) : Irréprochable pendant la majeure partie du match, coupable de la cagade qui enfonce son équipe, irréprochable en interview d’après-match. Il est mûr pour piquer le brassard à Mandanda.

Caleta-Car (3+/5) : On parle trop des attaquants de pointe dans la galère parce que personne n’est foutu de leur faire une passe correcte, et pas assez des défenseurs centraux dans la galère parce que personne n’est foutu d’empêcher les attaquants de débouler à quatre devant eux.

Sakai (3-/5) : Mourra sur le terrain plutôt que de laisser Nagatomo titulaire à sa place. Contrairement à la plupart des joueurs, un tel comportement se veut ici altruiste.

Balerdi (1+/5) : Villas-Boas et Ricardo Carvalho ont composé leur équipe avec le même sadisme que Cloridric et Teleferic dans « Astérix chez les Goths » : « Alors, pour la sentinelle j’avais pensé à Balerdi : un jeune, pas à son poste préféré, dans un collectif qui dysfonctionne depuis des mois… – Moui, ça reste un peu banal, je pensais mettre Cuisance ou Germain. – Attendez, avec Leo il y a un bonus, vous pourrez lui chier dessus en conférence de presse. Je sais que vous aimez ça, boss. – Ahhh, tu sais me parler, toi. Allez, j’achète. »

Cuisance (1-/5) : On a enfin pu voir Cuisance à un poste où il sait le mieux faire ce qu’il préfère. Et son truc, à Michaël, c’est perdre des ballons. Cherchez pas, c’est une passion, y en a c’est les maquettes ferroviaires ou d’autres la terrariophilie, bah Michaël, lui, son truc c’est de perdre des ballons. Il perd plein de ballons, partout, tout le temps, c’est son kif, c’est sa vie. Je me souviens, j’avais vu un portrait de Cuisance dans « Perte de ballons Magazine », il avait que neuf ans, hein, et bah c’était déjà un phénomène. Je me souviens, encore l’autre jour sa maman disait aux journalistes : « Ah ça, Michael, dès qu’il avait un ballon à perdre c’était pas la peine d’espérer le faire venir à table, hein. J’avais beau lui dire ‘Michaël, tu perds un dernier ballon et tu viens maintenant’, eh ben non, il fallait qu’il en perde encore deux, trois, dix de plus. Ah, ça, il nous en a fait baver, mais il faut voir ce qu’il est devenu, maintenant, on se doutait bien qu’il irait loin. » En effet tout s’est enchaîné : d’abord Nancy, normal, la meilleure école de perte de ballons. Puis le Bayern : eux c’est simple, ils veulent être les meilleurs en tout. Ils ont entendu parler du meilleur perdeur de ballons du monde ? Bah paf, ils le recrutent. Et là, le summum de sa carrière, l’OM, où l’on n’est même pas obligé de jouer au football pour perdre des ballons. Juste, là, ce qu’on demande à un milieu, c’est de… de … on lui demande rien en fait, juste Michaël est là, il perd des ballons et il est heureux.

Khaoui (77e) : Entré au milieu, il s’est inspiré de Kevin Strootman pour mettre des taquets en faisant les gros yeux. Mais ça ne fait impression que si l’on est Kevin Strootman, justement, sinon ça sert juste à être ridicule.

Gueye (2/5) : Sandra Bullock, elle fait la maligne dans Gravity, mais qu’est-ce qu’elle ferait face à un vrai défi, genre tenir un milieu de terrain à côté de Balerdi et Cuisance ?

Thauvin (1-/5) : Dans notre relation amoureuse, nous en sommes au stade : « Hé ben vas-y, casse-toi retrouver une autre pétasse si je te conviens plus, connard ».

Germain (67e, 2/5) : Je fais quoi, là, coach ? – Ben… c’est la 67e, tu entres. – Oui, ça je vois, mais je fais quoi, exactement ? – Ben, comme d’habitude. – D’accord, mais c’est-à-dire ? Oh, tu m’emmerdes Valère, tu vas pas te mettre à avoir des questions existentielles comme les autres cons, là, non ?

Radonjic (3-/5) : Son but,c’est une question de référentiel en fait : comme l’état mental de toute l’équipe a viré à la dépression paranoïde, Nemanja se trouve dans son élément. Du coup, paf, aisance, sang-froid, sérénité.

Payet (67e, 1-/5) : Au bout de 5 minutes à lui chercher une appréciation, je me suis dit que j’allais pas non plus faire plus d’efforts que lui n’en avait fait dans le match.

Benedetto (1/5) : Les supporters en voyant Milik s’échauffer : « Sans rire, si Villas-Boas sort Dario au lieu de tenter une équipe à deux attaquants, on le pend. »

Benedetto en voyant Milik s’échauffer : « Sans rire, si Villas-Boas me laisse sur le terrain une minute de plus, je me pends. »

Milik (59e, 1/5) : Nul à chier. Qu’est-ce que c’est que ces soi-disant stars infoutues de faire une course de 40 mètres et de dribbler cinq défenseurs avant d’aller marquer ? Il ne veut pas des équipiers pour lui mâcher le travail, non plus ?


L’invité zoologique : Wissam Ben Hyènedder

Peu de choses à dire sur la hyène, puisque nul n’ignore sa capacité à se repaître des charognes les plus avancées, ce qui en fait bien évidemment l’invitée appropriée pour commenter ce match avec nous.

– les autres : comment voulez-vous que je les juge ? Il aurait fallu qu’ils affrontent une équipe de football pour savoir ce qu’ils valent vraiment.

– le classement : Alors dans toute cette rigolade je dois cependant vous faire part d’un événement très malheureux. Je demanderai à chacun et chacune d’entre vous de vous montrer forts et fortes face à ce qu’il me faut vous révéler. Nous sommes à égalité de points avec les Girondins de Bordeaux.

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– les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Sylvain Ln remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

5 thoughts on “Monaco-OM (3-1) : la Canebière Académie a fait le deuil

  1. Merci.
    Il en faut du courage pour trouver une once d’humour et ce coltiner ces bouse de matchs…
    La b.a

  2. Je viens de voir le sens de la fête pour la première fois. Si on coupe le film juste après le feu d’artifice on a la saison de l’OM.

  3. Je propose de nommer la passion de Cuisance la référentielorbiculairadirophilie. Ça fait très xyloglotte, je vous l’accorde, mais placé dans une conversation, ça fait son effet.

  4. La libération anale, c’est un peu comme une seconde naissance ? Sauf que le bébé est monsieur Lapin…

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