France – Tunisie (0-1) : L’Académie française ne veut plus jamais aller chez le coiffeur
Un troisième match de poules quand on est déjà qualifiés ? Bwarf, en général, c’est synonyme d’archi-sieste et d’archi-purge. Mais on n’est pas à l’abri d’une surprise…
Spoiler : il n’y a pas eu de surprise. Enfin si : ce fut encore pire que prévu.
La compo :
A ce niveau-là, on ne parle même plus de « match de coiffeurs ». Ça va bien au-delà. Neuf changements sur onze joueurs, 95% des joueurs qui connaissent pas le très haut niveau international et 99% d’entre eux sont mis à un poste qu’ils ne connaissent pas. Ça promet.
Le derrière : la charnière est OK. Les couloirs c’est n’importe quoi : j’étais pas si loin quand je disais lors du premier match que la vraie option du couloir gauche était James Milner. Deschamps prend un milieu comme latéral gauche, et un central pour latéral droit en la personne de Disasi (ce qui nous permet d’apprendre que Pavard est passé troisième choix…). Ah, on me signale qu’un hippopotame est arrivé dans nos cages ?
Le milieu : j’exagérais évidemment pour le pourcentage des joueurs pas à leur poste. Le milieu se tient à peu près.
Le devant : j’exagérais pas tellement pour le pourcentage des joueurs pas à leur poste. Après Matuidi ailier gauche, après Dembélé milieu droit, après Camavinga latéral gauche, découvrez Guendouzi ailier droit.
Le match :
Les aigles de Carthage : beaucoup de cœur, pas mal de talent, quelques bedaines historiques du championnat de France. En bref, une équipe qu’on affectionne, une équipe punique.
Et bien il aura fallu attendre seulement sept minutes pour voir Ghandri ouvrir le score à la réception d’un coup-franc excentré des Tunisiens. Heureusement pour nous, l’aigle tunisien était légèrement hors-jeu. Avertissement sans frais pour l’arrière-garde tricolore, notamment pour Disasi qui, devant le ballon aérien, a préféré baisser la tête pour éviter le cuir.
Complètement à la masse nous sommes après un quart d’heure de jeu : pas l’intensité nécessaire, aucun ballon gardé plus de cinq secondes… Ca va mieux au fil des minutes, les Tunisiens desserrant un peu l’étau et la pression. Une première occasion en contre (gâchée par Coman) n’empêche pas les Bleus d’être à la rue derrière, à l’exception de Konaté, bien présent.
Devant, impossible de trouver Kolo Muani ou Coman. Sur attaque placée, Camavinga retrouve quasi systématiquement son poste habituel, laissant le couloir gauche à Veretout. Mais comme on perd souvent le ballon, Veretout doit couvrir à chaque fois, ce qui doit le ravir.
Une première période non pas ennuyeuse mais terriblement médiocre de la part des Bleus. Deschamps à la mi-temps s’est immédiatement inscrit dans un cours de mixologie : il a inséré le onze dans un shaker, ajouté des glaçons dans leurs caleçons Vuitton, une grosse pincée de piment d’espelette, sorti le vitriol, mis un soupçon de pomme (« Y’en a »), et mélangé.
Résultat au retour des vestiaires ? Rien. Nada. Queudal. Nous sommes d’une mollesse inouïe. A force d’être mous, on encaisse logiquement le premier but : à la suite d’une perte de balle de Fofana, plus occupé à réclamer à l’arbitre une faute qu’à courir, Wahbi Khazri prend le ballon, avance, fixe Varane dont la lenteur et la passivité sur cette action n’ont d’égal que la capacité à ne pas aller au sol de Mandanda (0-1, 59e). Une frappe de poussin largement suffisante, le phacochère rennais étant encore en suspension dans l’air, la gravité n’ayant pas de prise sur lui, ce qui est peu pratique pour arrêter des ballons ras du sol.
Les changements opérés (Grizou, Mbappé, Rabiot…) permettent aux Bleus de ressembler un peu plus à quelque chose et de croire à des minutes de meilleures qualités. La fatigue des Tunisiens aidant aussi, la France fait enfin le siège dans la moitié de terrain adverse. Ca pousse alors que les Aigles de Carthage, avec ces trois points, peuvent croire à la qualification si le Danemark, dans le même temps, fait le job face à l’Australie.
Mais le football est cruel. D’une part, les Australiens surprennent leur monde en battant les Danois pour accéder aux huitièmes ; d’autre part, au bout du bout du temps additionnel, Grizou profite du siège et d’un ballon en l’air mal dégagé pour armer une volée gagnante (1-1, 98e).
Les Bleus ne perdent pas et finissent premiers de leur groupe. Ah non : on me dit dans l’oreillette que la VAR est intervenue après le coup de sifflet final, et surtout après que TF1 aient coupé la diffusion et lancé la pub ; bref, y’avait hors-jeu (0-1, 154e). Les Bleus perdent et finissent quand même premiers de leur groupe. On ne devrait pas revoir les coiffeurs d’ici le titre mondial dans deux semaines : c’était donc un gros mal pour un bien.
Hier à Sousse, demain Doha : en huitièmes de finale, les Bleus affronteront la Pologne (battue par l’Argentine dans le groupe C, laquelle affrontera l’Australie). Rendez-vous dimanche à 16h, avec, on l’espère, un vrai match de football de la part des Bleus.
Les notes :
Deschamps (0/5): à titre tout à fait exceptionnel. La Dèche a fait n’importe quoi, à une échelle encore jamais vu, je crois, dans son mandat. Ce n’était plus un match « pour du beurre », c’était pour la plaquette entière de margarine. Envoyer un onze qui ressemble à rien au casse-pipe, c’est nul. Ce qui n’empêche pas ledit onze d’avoir été encore plus nul qu’attendu.
Mandanda (0/5): Désormais joueur français le plus âgé ayant pris part à une Coupe du Monde, devant Bernard Lama. Une ligne de plus à son palmarès, un but encaissé de plus au compteur également.
Camavinga (0/5): Des belles percées vers l’intérieur et quelques douceurs techniques bien senties. Dommage que son poste du jour ne requiert prioritairement aucune de ces compétences et qu’il manque de toutes les qualifications exigées pour ce type de travail.
Konaté (4/5): Le seul au niveau.
Varane (0/5): Une lenteur effroyable du bas du corps l’empêchant de se mouvoir sur le but de Khazri et une fragilité égale à celle de Samuel L. Jackson dans Incassable. Remplacé par W. Saliba (non noté).
Disas(i)terclass (0/5): Rendez-moi Pavard à ce compte-là. Au moins il a l’expérience en Bleu du poste. Là, lancer un gars qui a jamais joué en EDF, pour une première en Coupe du Monde à un poste qui n’est pas le sien…
Tchouaméni (1/5): On dirait un Pogba des mauvais jours. Le problème, c’est que le Pogba des mauvais jours n’est arrivé que quand le Pogba des grands soirs avait existé préalablement. Là, c’est un peu tôt Aurélien.
Veretout (0/5): Nul, envers et contre Veretout. Remplacé par A. Rabiot (non noté).
Fofana (0/5): Pire que nul. Remplacé par A. Griezmann (non noté).
Coman (0/5): Pas aidé, mais nul quand même. Remplacé par K. Mbappé (non noté).
Guendouzi (0/5): Ni ailier droit, ni milieu gauche. Complètement invisible, malgré la tignasse. Le vrai monde, il va chez le coiffeur. Déjà. Remplacé par O. Dembélé (non noté).
Kolo Muani (2/5): Volontaire virevoltant, inefficace agitateur.
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