Bonus Post-comité : L’autorectificatif du jour

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Le même fournisseur de bouteilles que Jacques Vendroux.

Stéphane Beaud est un sociologue et pas n’importe lequel dans notre belle nation : Docteur en sociologie à l’EHESS, professeur à l’ENS, bref, un gros morceau, un ponte, un vrai. Particulièrement éminent dans notre pays, M. Beaud a notamment étudié la sociologie des masses populaires et des classes ouvrières; il est d’ailleurs agrégé. Pour en connaitre un peu plus sur ses travaux, voyez ce superbe lien. Stéphane Beaud répondait à une interview de sofoot.com. Les gros membres ont été quelque peu perturbés par certains propos du Docteur, extraits :

« Cela participait entièrement, selon moi, d’un discours dominant qui contribuait une nouvelle fois à stigmatiser les “jeunes de banlieue”, à savoir les “Noirs” et les “Arabes” (même s’il n’y avait pas de “Beurs” dans cette sélection). »
Ca commence bien.

« Mais l’impulsion de ce livre, c’est d’abord une réaction qu’on pourrait dire “citoyenne” face à l’exploitation politique de cette grève qui se fait dans la foulée du calamiteux et honteux débat sur l’“identité nationale”. »
Ah, d’accord, c’est de la promo en fait, ok, poursuivez.

« Comment ne pas être atterré quand on observe à quel point a resurgi alors un discours “néo-nationaliste” qui visait ces enfants d’immigrés, en l’occurrence ici les “Noirs” ? Comment ne pas s’inquiéter face à la parole qui a alors été systématiquement donnée dans les médias aux intellectuels néoconservateurs ou à des pseudo “experts” franchement réactionnaires ? »
Vous vous posez là des questions essentielles, Stéphane. Comment ne pas s’inquiéter face aux paroles en dehors du football qui n’est finalement qu’une tribune et rien de plus pour obtenir une meilleure visibilité en politique ? Pourquoi aucun journaliste n’a renvoyé ces censeurs dans leurs cordes en leur rappelant leurs obligations et leurs rôles ? Pourquoi Lilian Thuram ? Et où est donc passé Ornicar ? Non, ça finalement, on sait merci.

« En fait, dans ce livre, j’ai essayé de convertir scientifiquement mon indignation face à cette forme de lynchage médiatique qui s’est opéré durant des semaines contre ces joueurs et, plus généralement, contre les jeunes de banlieue. »
Vous auriez dû faire le bouquin directement sur les « jeunes de banlieue » qui sont évidemment tous noirs d’ailleurs. L’ennui, c’est que tout le monde s’en fiche et que seul le football est vecteur de ventes.

« Dans le peu de temps que j’avais pour écrire, je me suis efforcé, avec l’aide de mon camarade de travail Philippe Guimard (amateur de foot comme moi) de me doter de quelques armes empiriques pour essayer de penser ce “problème” autrement. »
« D’armes ». Carrément. La sociologie est un sport de combat.

« D’où un travail de fourmi pour aller voir, derrière la façade, ce qui constitue le terreau social de ces destins de footballeurs : lecture de biographies de joueurs, dépouillement de très nombreux articles de presse et étude des moindres aspects de la biographie des joueurs (même si c’est quelque chose qui n’est pas au cœur du travail des journalistes sportifs qui doivent avant tout “sortir de l’info” sur les matches et sur les joueurs, sans trop s’attarder sur ces aspects périphériques au terrain et à la tactique. »
La parenthèse n’étant pas fermée, le comité vous félicite parce que ça a l’air d’être très bien fait malgré peu de moyens, comme une caresse buccale dans un parking, quoi. Enfin le comité n’en sait rien. Il n’a toujours pas son permis.

« Je dois aussi dire que je suis loin d’être fasciné par ces joueurs, encore par ce milieu du “foot-business” qui est aux antipodes des valeurs du monde universitaire qui sont les miennes. »
Bon, pour la relecture, Stéphane, on dira que vous n’y êtes pour rien. Sinon, la sociologie universitaire et la dérive des moyens de recherche, ça ne vous intéresse pas ? Vos valeurs se posent la question de l’utilité du programme Phoenix dans le milieu des sciences humaines pour surdiplômés chômeurs obligés de se ranger (avec leurs valeurs donc) dans un monde d’entreprise auquel ils refusent de coller ? Ca dépote comme sujet, mais y a pas de footballeurs et y en a sûrement d’autres qui le font déjà. Bon Knysna aussi, c’est vrai.ça a été vu et revu, il ne nous manquait plus qu’un regard sociologique sur la chose.

« Car ce qui est paradoxal avec ces joueurs, issus majoritairement des classes populaires, c’est qu’ils symbolisent aujourd’hui la figure des “gagnants” du néolibéralisme, que certains d’entre eux sont convertis au culte d’un individualisme exacerbé (par exemple, chez Anelka, son refus maintes fois affirmé de payer des impôts, trop élevés à ses yeux, en France). »
Rien à voir avec d’autres artistes chantants, mannequins ou autres…

« Mais en même temps, ce qui me semble intéressant, si l’on songe aux travaux de l’historien Hobsbwam sur les “bandits”, c’est qu’avec cette rébellion, une partie d’entre eux ont, à leur manière, porté et exprimé des valeurs de résistance populaire face à un système étouffant (les médias, le staff, l’attente démesurée à leur égard, etc.) sur le thème du “On défend notre copain Nico”, injustement mis en cause et désigné à la vindicte publique. »
Bien joué, c’est en citant un grand cerveau que l’on gagne en crédibilité. Surtout en sociologie. Working Class Hero is something to be colle parfaitement avec cet exemple aussi. Ah, les masses populaires…

« Et on le fait, malgré tout ce qu’on en pense à l’extérieur.»
Là par contre, vous semblez vous tromper, leur principal argument avancé lors des mea-culpa consistant à dire qu’ils ne mesuraient pas leurs actes et qu’il ne se rendaient pas des comptes des conséquences et qu’ils sont désolés et qu’ils ont été privés de la liberté d’expression et blablabla.

« Très peu bénéficient d’un héritage culturel (Lloris, Gourcuff, Planus), »
Tiens, des blancs. Vous êtes sûr que vous êtes là pour infirmer une vision racialisante des choses à laquelle d’ailleurs plus personne ne croyait ?

« Pas mal d’entre eux ont du mal à “bien” s’exprimer en public, sont gênés devant un micro dès que les questions sortent du cadre sportif. Ils constituent donc une proie facile pour les experts de tous les médias sans compter que, par le mode de vie clinquant qu’ils affichent souvent, ils apparaissent à la fraction des classes dominantes riche en capital culturel (enseignants, journalistes et bien sûr “intellos”) comme incarnant la quintessence de la vulgarité sociale ainsi que la figure du “parvenu”. »
Il est, Stéphane, permis d’avoir mauvais goût. Tout le monde n’est pas Jacques-Alain Boumsong. Georges-Alain ? Pierre-Damien ? Le comité ne sait plus, il se noie dans cette mer de noms. Terminez Stéphane.

« Il faut beaucoup de compréhension sociologique pour arriver à leur redonner la parole – parole qu’ils ont essayé eux-mêmes de reconquérir (maladroitement…) avec l’épisode du bus et de cette grève. »
On vous comprend Stéphane.

« Cet argument de l’excuse, avancé par ceux qui ne veulent surtout pas voir les racines proprement sociales de la délinquance juvénile (chômage, pauvreté, désaffiliation sociale, échec scolaire…), a beaucoup servi lors des émeutes de 2005 ; à sa manière, il est assez “misérable”. »
Cf citation précédente. Mais on avait dit « terminez Stéphane ».

« Elle (la déclaration pipi de chat de Robert Duverne, ndcvm) est venue en quelque sorte valider le schéma interprétatif proposé dans le premier chapitre de notre livre, à savoir que la grève est une réaction collective contre la Une de L’Equipe et la totale fabrication par ce journal de l’Anelkagate, la transformation par le biais de cette Une du quotidien sportif d’un simple “propos de vestiaire” en une affaire nationale, une affaire d’Etat… »
Bon Stéphane, d’accord, et rien ne vous choque là ?

« Ainsi notre propos dans ce livre invalide la piste “racialisante” qui a été obstinément poursuivie par la majorité de la presse, sportive ou non. Le livre essaie de démonter ce préjugé en montrant que la grève renvoie à une série de facteurs qui, pour l’essentiel, ont fort peu à voir avec cette fameuse culture banlieusarde. »
C’est super Stéphane, on en était tous bien convaincus, le problème est à droite de la droite.

« Mais on peut quand même se demander, avec du recul, si ce n’est pas un ministre comme Hortefeux, condamné par la justice pour “insultes raciales” et promoteur de la campagne d’expulsions contre les Roms en juillet 2010, qui a le plus sûrement et durablement terni l’image de notre pays à l’étranger. »
Question en ouverture de conclusion, parce que la recherche scientifique ne connait pas de limites. Suite au prochain épisode.

« Il est frappant de voir, par exemple, comment personne parmi eux n’a cherché, une fois les choses décantées, à défendre leur point de vue en disant des choses simples du type : « Oui, on avait des vraies raisons de protester, de faire grève, même si on a peut-être été maladroits ou velléitaires dans notre action »
Euh, si, ils l’ont fait, à peu près tous par ailleurs. Mauvais exemple.

« Platini, petit-fils d’immigrés italiens et actuel président de l’UEFA, a bien mis les choses au point sur cette question – de son temps (1978-86), personne ne s’en préoccupait et lui-même, capitaine exemplaire de l’équipe de France, ne la chantait pas – et il a demandé fermement aux “politiques” qu’ils cessent d’instrumentaliser à leur profit cette question. »
Ben ouais, il est plutôt là le problème. Un bouquin pour bien répondre cette fois ? En fait, votre publication est un peu un teasing de votre prochaine oeuvre ? Pratique.

8 thoughts on “Bonus Post-comité : L’autorectificatif du jour

  1. Il utilise des mots bien trop compliqués pour le supporter de foot ! Rappelons qu’un mot supérieur à 4 syllabes est considéré comme une insulte par les vrais supporters de foot !

    En plus, il ne doit même pas y avoir un poster de Greg Coupet en train d’arrêter un ballon offert dans son bouquin, inutile !

    PS :pour les plus jeunes, Coupet a été gardien de but autrefois…

  2. Bah quoi, un bobo cherche encore une théorie intelligente pour expliquer ceci cela dans le football, ce monde si dégueulasse. Je lui vomis sur la gueule à lui aussi.

  3. « Dans le peu de temps que j’avais pour écrire »
    Au moins il nous prend pas (rien à voir avec ma maman) en traître, il nous explique d’emblée que son bouquin est bâclé

  4. L’article reste intéressant.
    Par contre rien sur l’omerta anti-Brandao. J’ai l’impression qu’on se trompe d’injustice depuis le début.

  5. Bah il a rajouté « dans le football » une centaine de fois dans sa thèse sur les jeunes de banlieues (on est 12 millions, mais tous pareil apparemment…) et l’a vendu post-Knysna.
    Joli plan marketing en bois digne de nos meilleures écoles, dont fait partie l’EHESS… mais José (oui je t’appelle José) tu ferais mieux de rester sur les sciences sociales plutôt que de parler de sujets que tu ne maîtrises pas. Sois curieux, mais ne le dis pas aux autres !

  6. Un livre de circonstance comme tant d’autre, aussi nul et bâclé que le jeu vidéo d’un film à l’affiche.
    Le comité aurait peut être pu d’avantage souligner sa façon d’expliquer que l’addition noir + banlieue ne conduit pas forcement à faire de la merde ( « je suis gentil, je les aime bien ces indigènes »)qui est d’une condescendance pitoyable et propre à bon nombre de sociologues et autres anthropologues. Leur utilité se résume à donner un intérêt aux prochaines sorties Larousse en mettant des mots justifiant leur niveau d’étude sur des phénomènes de société.
    Je crois que le plus brillant argumentaire du monde ne pourra convaincre le peu d’abrutis persuadés que la couleur et le label « élevé en cité » explique tout naturellement le comportement d’un groupe d’individu conditionné à voir leur personnalité disparaître devant la représentation que l’on exige d’eux.
    Bref encore un livre qui ne s’adresse pas à ceux dont il est censé parler.

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