Dimanche 27 avril 2014. Nous sommes dans les vestiaires d’Anfield Road, fief de Liverpool. Alors que Sakho dédramatise la situation en enchaînant un somptueux chat-bite sur Suarez et posant un flappy sur le nez de Cissokho, un homme reste stoïque. Concentré, les sourcils froncés et le regard déterminé, Steven Gerrard, le capitaine des Reds, le sait : ce match face à Chelsea est une finale avant l’heure. Si ses hommes sortent vainqueurs de cette rencontre, ils seront presque champions. Champions. Champ… « PUTAIN, FOR FUCK’S SAKE MAMAD’ ARRÊTE DE JOUER AVEC TA TEUB ET ENFILE TON SHORT !!! ». C’est là qu’on reconnaît un capitaine : il sait mobiliser son équipe.

 

Alors il enfile sont slip fétiche. La première fois qu’il l’avait porté c’était après son troisième coup de fil à Alex Curran, son actuelle femme. A l’époque le petit joueur du centre formation s’était déjà pris deux râteaux. Un loser. Mais un loser déterminé qui, finalement, après son troisième appel, avait eu droit de partager un rendez-vous avec elle. Ce slip, c’est quelque-chose. Il l’avait porté une nouvelle fois un soir de mai 2005, en Turquie. Il avait déjà quelques trous mais son rôle est fondamental. C’est la mi-temps et Liverpool, en finale de la Ligue des fucking Champions est mené de trois buts. « PUTAIN LES BOYS ! Merde. Regardez ce slip. REGARDEZ-LE ! Je l’ai porté quand j’ai appelé ma femme pour un rendez-vous. Elle a dit oui. Je l’ai porté pour les autres rendez-vous. C’était un succès. Je l’ai porté pour notre première baise. J’ai pas eu le temps de l’enlever que… Bref. CE SLIP, C’EST QUELQUE-CHOSE ! Alors c’est pas ces trois buts qui vont gâcher le karma de ce slip, C’EST CLAIR ? Quoi ? Qu’est-ce que tu dis Riise ? Mais non je te demande pas de le mettre sur ta tête pendant le match you cock sucker. Putain on n’est pas rendu. »

La suite, vous la connaissez. C’est là qu’on reconnaît un capitaine : il sait trouver les mots.

 

Bref. Il fait chaud dans le vestiaire des locaux mais Gerrard s’en bat la race et continue de s’habiller pendant que Glen Johnson demande une énième fois à Rodgers si sa titularisation c’est pas une blague parce que personne ne veut le croire. Steven, l’enfant du pays, enfile son brassard de capitaine autour de son bras. Sterling passe devant lui. « Tiens gamin, écoute ça. C’est Money des Pink Floyd. Ecoute-la bien, surtout le dernier couplet :

Money, it’s a crime

Share it fairly but don’t take a slice of my pie

Money, so they say

Is the root of all evil today

But if you ask for a raise it’s no surprise that they’re

Giving none away

Oui Raheem, je chante peut-être pas bien mais ma tondeuse est pas tombée en rade quand je me coupais les tifs petit con. Va t’changer. » C’est là qu’on reconnaît un capitaine : il sait parler à ses jeunes qui écoutent ses conseils.

 

Alors Steven enlève ses claquettes Adadas. D’abord la droite. Puis la gauche. Il ouvre son sac, prends ses crampons et trouve à l’intérieur de l’un deux un petit mot. C’est un mot d’Alex.

« Mon tendre Steven <3,

J’ai changé tes crampons. J’ai vissé à la place des trucs en argent plus grands que les précédents. C’est beaucoup plus swag et ça fera peut-être plus bobo aux gens que tu affronteras. Ceux en bleu là. Ceux de Londres je crois hihi. Bref, je sais plus quelle équipe c’est mais je sais que tu es mon Steven trop fort qui va les battre avec tous tes copains hihihihihiii. Si vous voulez boire une bière en rentrant c’est possible mais venez pas tacher la baraque bande de porcs. Je rigole, je les aime bien tes amis LOL.

Je te fais pleins de poutoux baveux hihi ! Bon match ;-) !

 

Alex,

Ta femme qui ce soir va t… »

« … PUTAIN LA CONNE !, pense Gerrard. Avec ça dans les pieds je vais m’enfoncer dans le terrain comme les dents de Luis dans le bras d’Ivanovic. Bordayl. » Tant pis, c’est le moment d’y aller ; You’ll Never Walk Alone commence à se faire entendre dans le stade. Steven se gratte des burnes en se levant. Il les remet dans son slip. Son slip fétiche. C’est quelques chose ce slip. Alors qu’il marche dans les couloirs d’Anfield Road, il descend les marches qui mènent à la pelouse. C’est pas facile avec des crampons pareil. « Mais qu’est-ce qu’elle est con parfois. C’est la merde des godasses pareilles. Swag mon cul. Qu’elle est con. Bon, heureusement elle suc… » PAF ! Steven se retourne : Mamad’ a frappé le fameux cadre ‘‘This is Anfield’’ en faisant une tête. Kirikou n’a rien mais le cadre a pris cher. Qu’importe, ce n’est pas la première fois. Le capitaine se retourne et entrevoit la lumière du jour. « We gonna won the league ! We gonna won the league ! », chantent les supporters. La sono lance officiellement le chant mythique de Liverpool, celui qui parle de storm, de golden sky, de hope et de heart. Steven chante lui aussi la chanson. C’est là qu’on reconnaît un capitaine : il est intelligent et retient vite.

Liverpool fera 0-0. Mamadou réussira toutes ses passes à destination de Gerrard qui jouera un match costaud. Pas oufissime mais costaud. Tous les gars sont ensuite allés boire une bière chez le cap’tain, sans tacher la baraque. « T’as vu mes crampons chéris, ils étaient beau hein ? », demande Alex. « Ah oui, brillante idée que tu as eu là… », répond ironiquement Gerrard. La suite et la fin du championnat, seul le slip la connaît. C’est quelque-chose ce slip.

 

Steve Macadam

2 thoughts on “Le jour où Steven a eu le swag

  1. Fake ! Steven n’écoute que du Phil Collins. Il lui aura fait écouter « Susussudio » en lui disant de se démerder avec les paroles, là d’accord.

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