Rendez-vous en terrains connus: Dukla Prague-Sigma Olomouc
Partons à la découverte du dernier club pragois
Ahoj ! Je suis de retour pour vous conter le football tchèque. Après Prague, dont vous pouvez retrouver la présentation des différents clubs de la ville ici, et des matchs du Sparta, des Bohemians 1905, et du Viktoria Zikov, j’avais décidé d’explorer la tchéquie plus en profondeur avec Mlada Boleslav, avant de rentrer à la capitale avec le Slavia, puis le derby. Aujourd’hui, place au dernier club de Prague se trouvant dans l’élite, le Dukla.
Contexte
Le Dukla. Le cinquième club que je dois aller voir à Prague. Un de mes lecteurs locaux a bien remarqué qu’il manquait à mon tableau de chasse, et se propose de m’accompagner dans cette aventure. Allons-y, Allons-o. Cette fois-ci c’est un match programmé Vendredi à 18h. A priori, le Dukla est l’un des clubs les moins attractifs à aller voir. Mais voilà, enfin il fait beau, enfin nous pouvons espérer profiter d’un match de foot sous l’œil protecteur du soleil. D’ailleurs, mon teasing pour convaincre d’autres personnes de nous joindre était simple: soleil, bières, saucisse. Bon apparemment, il y en a qui ont d’assez bonnes excuses pour ne pas venir malgré tout. Tant pis pour eux. A 17h30, il s’agit donc de se retrouver à Podbaba, arrêt de tram quelque peu excentré, mais dont la sonorité m’a toujours inexorablement attiré. Oui, je suis ce genre de mec qui fait des transformations à deux sous cinquante, du style Padbobo, Podbébé, ou Podbanane. Lol.
Bon après cette parenthèse humoristique, je dois donc rencontrer un mec qui a pour seul image de moi mon avatar de Matali Crasset (j’aime les trucs ambigus), que je remercie d’ailleurs de me prêter son image orangée à son insu. « B ? » m’enquérais-je à la personne poireautant patiemment devant le Royal Crowne Plaza Hotel ? « T ? » répondit-il avec complicité. Aucun doute, nous nous étions trouvés. Ne manquais plus que le troisième équipier, qui arrivait par le tram suivant, et nous pouvions escalader les marches pour nous rendre au stade Juliska. Pour quel match à propos ? Eh bien pour une rencontre du haut de tableau, avec le 6e contre le 4e, le dénommé Sigma Olomouc. Un club qui a à son palmarès une coupe nationale gagnée l’année dernière, mais aussi à son actif des amendes pour cause de chants racistes et de corruption. D’ailleurs, ils n’ont pu participer à l’édition de la Ligue Europa cette année à cause de sanctions reçues il y a quelques années. Aucun joueur connu ne faisant ou ayant fait parti de leur effectif, je vous propose de passer au match immédiatement.
Ce n’est pas notre match, mais ça montre qu’on peut être bieng
Résumé
Il y a plein de gamins partout. Nous réussissons à nous frayer un passage, ce n’est pas la bonne entrée, un tchèque à la bedaine et à la moustache nous propose d’aller voir ailleurs si les tickets y sont. Et c’est bien là-bas qu’ils sont effectivement. On choisit une file, on fait la simili-fouille et voilà que le spectacle commence avec un mec qui se fait rejeter par un steward. Il faut dire qu’il a une tête et une attitude cheloue, oui, je suis pour le délit de faciès. Ça balance du « Fuck off », le gars n’est pas tchèque, et n’est pas lutteur non plus, il se fait mettre à terre et maîtriser. On ne saura pas la fin de l’histoire, nous voilà déjà face à la caissière, forcément ravie de me voir sortir un billet de 1000 pour un bout de papier qui en vaut 80. Le précieux sésame en main, il faut contourner les jolis tourniquets, qui ne sont là apparemment que pour la décoration et pour faire plaisir aux gens qui s’occupent de la sécurité à l’UEFA. on nous file un ticket pour avoir une bière à 5Kc chépaoù après le match. Waouh. Il faut encore marcher un peu, et on arrive en haut de la grande tribune, qui surplombe le terrain, mais aussi la ville. Je ne sais pas si on peut vraiment parler d’émerveillement, en tous cas ça a de la gueule. Comme on n’est pas non plus des poètes, on se tourne vite vers la buvette. Pas de chance pour notre lecteur, il doit se contenter de bière sans alcool. En canette. De 33cl. Ne soyez pas triste, il a survécu. Pour moi et mon pote, ça sera la traditionnelle pinte, mais attention, faut pas perdre son gobelet, il y a une caution. Bon, pendant ce temps-là, les joueurs sont rentrés sur la pelouse, il serait temps de rejoindre nos places. En descendant les marches, on se rend compte que la tribune est bien à pic, presque vertigineuse. On est bien content de se poser, en plus le coup d’envoi a été donné.
Mes souvenirs du match sont hélas assez flous, j’écris l’article trop longtemps après pour bien me souvenir de son déroulement. Je tente quand même: le Dukla se projette très vite vers l’avant, on ne passe pas loin de la première occasion, mais rien pour inquiéter réellement le gardien d’Olomouc. Les visiteurs sortent un peu, mais ont bien du mal à justifier leur 4e position au classement. Des frappes molles, un mal fou à s’approcher de la surface, un attaquant inutile, ils développent un jeu plus proche de la CFA que de l’Europe. Mais le Dukla n’arrive pas à profiter de la faiblesse de son adversaire, ni par des actions construites, ni par les ballons balancés devant, et encore moins sur les pourtant nombreux coups de pieds arrêtés. Au moins on rigole, comme sur cette conservation de balle on-ne-peut plus ridicule du n°10 d’Olomouc. Le mec se fait bien sûr prendre la gonfle et ose réclamer une faute. Sinon il y a des joueurs qui se rentrent dedans, des relances pourries, et une belle parade du gardien visiteur sur une jolie reprise d’un mec en jaune, suivie d’une sortie décisive quelques minutes plus tard. Pendant ce temps-là, on a pu observer la vue, la tribune VIP qui nous fait face, le Kop composé d’une cinquantaine de mecs plus près de la retraite que de l’université, et la tribune visiteuse vide. On pense aux célébrations de buts possibles offertes par les trucs d’athlétisme: lancer de poids, saut en longueur etc… Ah oui, et on s’est pris une autre bière aussi.
Un match pas comme les autres
Bref, c’est la mi-temps. Des pom-pom girls débarquent sur la pelouse, on a le droit à un joli pot-pourri des tubes de l’été dernier craché par les haut-parleurs situés au-dessus de nos têtes. Notre lecteur en profite pour faire remarquer la présence d’un superbe câble relié aux projecteurs, qui pend allègrement sous le toit. Des installations 5 étoiles on vous dit. Sur l’autre partie du terrain, il y a le traditionnel match entre gamins. Maillots Dukla contre Maillots Olomouc. Ceux du Dukla font 2 têtes de plus. Le massacre du gardien en bleu sera assez plaisant, bien que parasité par les pom-pom girls qui finissent leur chorégraphie en apothéose. Enfin qui font une figure quoi. Et puis hop, voilà qu’elles montent dans les gradins histoire de remplir les caisses en vendant des babioles. Pas dupes sur le fait qu’ils nous ont refilés les plus moches dans notre partie de tribune, on ne se laissera pas avoir. Mais d’ailleurs le match a déjà repris lorsqu’elles passent près de notre rangée. Et Olomouc s’est un peu réveillé. On peut supposer que les murs de leur vestiaire ont dû trembler, car ils sont beaucoup plus volontaires et engagés. On doute encore de l’apellation haut niveau, mais on espère. On espère. On espère. On espère… Et le temps s’écoule… Quelques corners visiteurs. Non. Le Dukla reprend la main. Nouvelle parade du gardien.
Et nouvelle bière pour moi, avec une Klobasa cette fois-ci. Ca y est, je vais être bourré. Il faut dire que la météo est super agréable. Je suis toujours en T-shirt, pépère. Pour la première fois, je ne ressens pas le froid. Je kiffe au max, vous voyez. Finalement ça va, mon corps s’acclimate à l’alcool. Ça a l’air d’être moins le cas pour la meuf qui gueule quelques rangs derrière nous. Tiens, d’ailleurs, les meufs… Ben si le Kop est rempli de vieux, la tribune est remplie d’adolescents. Je me dis que PLF aurait pu trouver son bonheur ici, puis je me rappelle qu’il est déjà casé depuis quelques semaines. Je me reconcentre sur le match, il reste 10 minutes annonce l’écran géant accolé à un bâtiment. Enfin écran… Plutôt panneau lumineux géant, ce n’est pas sur lui qu’on reverra les actions du match. On en vient à souhaiter un but d’Olomouc qui semble attaquer plus vaillamment que les locaux. Mais dès que le Dukla récupère le ballon, on se laisse aller, on crie, on y croit, on reprend les encouragements de la tribune qui suit le kop qui retrouve un peu la flamme après une deuxième période où ils n’auront pas battu le record de décibels. Oui, ça fait beaucoup de « qui », mais c’est parce que là il y a le feu de l’action et qu’on a vraiment envie d’un but. Dernier arrêt du gardien d’Olomouc. Les deux misérables minutes de temps additionnel seront inutiles. 0-0. On est déçu, je suis déçu, c’est mon premier score nul et vierge ici en République Tchèque. Il faut dire que j’ai toujours été chanceux depuis que je fréquente les stades de France et d’Europe, je tourne quand même à une moyenne de trois buts par match. Pas aujourd’hui. On récupère notre caution du gobelet à la buvette, on sort du stade, on redescend les marches, on attrape un bus qui passe pour nous remettre dans le sens du centre-ville. On se sépare de mon lecteur, que j’espère éventuellement revoir sur un terrain de basket ou au stade un de ces jours. Direction plus de bières.
Bravo à toi aussi le Kop (grosse ambiance je vous dis)
Les notes
Le stade (3/5) : Sa piste d’athlétisme pourrait être rédhibitoire. Mais il vaut le détour pour sa belle vue sur Prague, et sa grande tribune a vraiment de la gueule. Son côté « bricolé » est assez marrant aussi, entre le panneau géant et la tribune VIP qui sortent de l’ordinaire. Je ne préfère en revanche pas imaginer les courants d’air qu’il faut supporter quand il fait moins chaud. Il faut prévoir entre 20 et 30 minutes et avoir envie de découvrir le début de la campagne praguoise pour le découvrir.
La guichetière (4/5) : Réactive, elle a tout de suite sorti les tickets à 80Kc à la vue de nos cartes étudiantes. On ne tiendra pas compte de son petit rictus au moment d’accueillir le billet de 1000Kc, elle nous a refilé parfaitement la monnaie.
Le prix (5/5) : La réduc’ étudiante qui fait plaisir ! Ce n’est peut-être pas le cas pour les matchs de gala, mais ça donne forcément envie d’y retourner ! Au fond, c’est un Beergarden super cool…
L’ambiance (2/5) : Le Kop était vraiment petit, et après une première mi-temps avec des chants non-stop, la suite du match était plus silencieuse. L’absence de visiteurs n’a certainement pas aidé, tout comme la présence de nombreux ados branleurs.
Possibilité de faire le streaker (4/5) : On était vraiment libre de nos mouvements, il y avait grave moyen de se lancer vers la pelouse je pense.
Le match (2/5) : Le niveau n’a jamais pu décoller, les joueurs les plus volontaires foirant leurs passes, centres, frappes. Pas de chance, le Dukla venait d’enchaîner 4 matchs à 4 buts de moyenne.
Joueurs à recruter chez nous (1/5) : Si l’on se fie à ce match, le gardien d’Olomouc Zlamal a un level très honorable. Au Dukla, le n°8 un espingouin répondant au nom de Nestor Albiach, a bien commencé, avant de faire progressivement n’importe quoi.
L’équipe féminine du Dukla (4/5): Un bon prétexte pour mettre une image presque racoleuse. Ça a marché?
« Elle doit pouvoir capter les ballons » ou une blague comme ça, non?
La bière dans le stade (4/5) : Le retour de la pinte à 30Kc. Cool. Ne pas oublier de prévoir assez d’argent pour la caution.
La bouffe dans le stade (3/5) : De la saucisse pleine de graisse, rien d’exceptionnel. Et la pikantni, essayé par mon camarade ? « Elle pourrait mériter un 4/5, mais ils mettent pas assez de moutarde avec. » Oui, le genre de truc qui fout le seum. Peut mieux faire !
La pause-pipi (NN) : C’est bizarre, elle n’est pas arrivée malgré les 3 pintes et la flotte ingurgitée avant aussi. Du coup j’ai pas pu voir les chiottes.
La gent féminine dans le stade (2/5) : Comme je l’ai dit, PLF aurait sûrement mis une meilleure note. Je n’en ai pas vu à mon goût, même si une meuf qui gueule sur les joueurs n’importe comment, ça peut être amusant. Dommage que je ne comprenne toujours pas le tchèque.
Possibilité de faire la fête après le match (3/5) : Les trucs basiques quoi. On sort du match à 20h, on peut aller boire des bières dans les bars environnants, en revanche ça reste assez limité ensuite. Essayer le Klubovna Berlin-style-club près de Dejvicka est la meilleure option. Détente, concert, DJ, baby-foot et fermeture tardive au programme. En plus, c’est tenu par des étudiants bénévoles.
Plaisir après ce foot inconnu (4/5) : Putain, le soleil ça change tout. Regarder des mecs taper dans un ballon avec des bières, un lecteur, un pote et 4000 autres personnes, c’est vraiment agréable. Pique-nique ensuite, alcool et substance tolérée en Tchéquie, et voilà un vendredi bien goupillé.
Voilà le classement du championnat Tchèque. C’est tout pour ce Rendez-vous en foot inconnu! N’hésitez pas à repartir pour le Mexique avec Rigoberto Pirès, ou en Macédoine avec Tristan Trasca. Si vous voulez me suggérer des améliorations pour cette rubrique ou si vous voulez que je note d’autres choses dans le stade, dites-le-moi en commentaire. Si vous avez envie de football à Prague, contactez-moi par mail tristanbourrepif@gmail.com. Merci, et à bientôt sur Horsjeu.net !
Anàl Kiss,
Quand je te lis, je me revois parfaitement à Prague lors de mon stage au CVUT… C’était le bon temps.
D’ailleurs, j’y retourne ce WE. Le crossclub existe toujours ?
Ca continue et ca donne toujoours autant envie..
Par contre pour la sortie a Cracovie dont je t’avais parle ca ne va plus etre possible vu que je n’y habite plus…
A moins qu’un match en Belgique ou dans la Rhur te tente…
Ben putain ça donne envie mine de rien.
La place ça représente combien en € ?
@ stalagtilte: Il existe toujours, il pourra parfaitement t’accueillir ce week-end! Et quand je lis ton commentaire, je suis bien content de pouvoir toujours accordé la phrase du « bon temps » au présent.
@ chris la pignole: C’est con, je vais justement à Cracovie le week-end prochain, et j’ai vu qu’il y avait un match du Wisla! Pour la Rhur et la Belgique, j’attendrais l’année prochaine je pense.
@ Coco seau d’eau: 80kc, ça fait environ 3 euros (selon les légères variations des taux d’échanges). En gros, tu peux toujours trouver des places à moins de 10 euros peu importe l’équipe et le match…
Si tu vas au match au Wisla, prends toi y en avance pour ton billet… Ils ne vendent que des places aux titulaires de carte de fan (ca coute 10zl et ca leur permet de te carter) et je ne suis pas sur qu’ils font ca le jour du match …
Merci de me prévenir, je vais voir ce que je peux faire, mais je risque du coup de passer mon tour pour cause de « grosse flemme ».
En ce qui concerne les anciens joueurs d’Olomouc, on pourrait quand meme citer David Rozenhal, Tomas Ujfalusi et Marek Heinz qui avait fait des piges a Sainté et à Nantes.
Sinon pour avoir fait pas mal de matches à de Olomouc, ton article décrit pas mal l’ambiance de 90% des matches loin d’être passionnant!
Un fan du Sigma!