Clermont-OM (1-5) : La Canebière Académie prend Montpied

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« La nuit n’est peut-être que la paupière du jour. »

Aïoli les sapiens,

Semblable à l’eau du fleuve, au vent du désert,
Une journée encore a quitté mes jours ;
Dans mes jours deux journées dont je n’ai souci jamais :
La journée passée, la journée à passer.

C’est de Omar Khayyam. Au départ j’avais pensé à Maître Oogwai (« Hier est derrière, demain est un mystère, mais aujourd’hui est un cadeau, c’est pourquoi on l’appelle le présent. »), mais ma sœur m’a dit que si elle avait voulu que je mette des citations de KungFu Panda elle aurait fait une chorégraphie sur KungFu Panda et pas sur Omar Khayyam, et que donc ce serait bien que je commence par une citation d’Omar Khayyam.

Et comme ma sœur est entourée de gens d’un goût musical et artistique, cela nous permet de vous proposer la petite bande-son détendue qui va bien pour cette académie post-victoire. L’avenir de l’OM est toujours aussi incertain mais comme aurait dit Omar Khayyam, « pour l’instant la vie est belle, donc on s’en bat les couilles qu’elle soit courte » (traduction libre).


Les Longorious Basterds 

Lopez
Clauss – Mbemba– Balerdi – Merlin
Ounahi (Onana, 60e) – Gueye (Kondogbia, 60e) – Harit (Correa, 83e)
Sarr– Ndiaye (Luis Henrique, 75e) – Aubameyang (Moumbagna, 75e)

Oublie le jour qui s’est enfui de ton existence. Oublie-le
Oublie demain qui va venir. Pas encore né. Oublie-le
Sur ce qui est et qui n’est plus, il est vain que tu réfléchisses
Ne jette pas ta vie au vent, vis l’instant heureux. Oublie-le.

Oué, ce que Loulou veut dire c’est qu’on s’en bat les couilles que tu sois fâché avec Gueye, nous, si tu nous as fait venir mais qu’on peut pas mettre les joueurs qu’on veut, on repart et on te laisse balayer toi-même ta merde avec ta moustache.
– Merci Ghislain, j’avais compris.

Gueye se voit donc offrir la rédemption grâce à notre nouvel entraîneur, confronté une nouvelle fois à une infirmerie bien garnie (Gigot, Rongier, Veretout, Murillo). Surprise, après deux victoires convaincantes en 352, cette défense à quatre si vilaine sous Gattuso fait sa réapparition.


Le match

Un moment dans le désert de l’anéantissement,
Un moment à goûter du Puits de la vie…
Les étoiles se lèvent et la Caravane
S’ébranle pour l’aube du Néant… O, fais hâte !

En guise de désert de l’anéantissement, l’OM s’ébranle donc au stade Gabriel Montpied de Clermont-Ferrand. Quoique les Olympiens dominent sans difficulté une adversité ectoplasmique, nous serions bien en peine de relater un quelconque fait marquant dans ces vingt premières minutes, où notre feuille de notes reste tellement vierge qu’elle pourrait être castée par un cinéaste français.

La monotonie est rompue par une passe tranchante de Gueye pour Clauss. A la réception de son centre à ras de terre, Aubameyang est contré par le gardien, le ballon revenant sur Ndiaye pour une ouverture du score sans forcer (0-1, 23e).

Forcer, l’OM serait pourtant bien inspiré d’y songer, tant l’inoffensivité totale de l’opposant se prêterait à un pliage de match précoce. Aucune occasion réellement dangereuse ne se produit cependant avant la 45e minute, quand Sarr oblige le gardien à claquer sa tête en corner, à la réception d’un corner de Clauss (c’est une métonymie, Mory Diaw n’a pas vraiment claqué la figure de Sarr, même si on en a tous rêvé au moins une fois cette saison).

Ils disent tous : après la mort il y aura des jolies pour le désir !
Il y aura là-bas du lait, du miel, du sincère vin, pour le désir !
Eh bien! c’est que donc le vin et les jolies, c’est permis ici
Puisque là-bas il y en a, il n’y a même que cela, pour le désir !

Oué, ce que Loulou veut vous dire, c’est que c’est pas demain qu’il faut vous bouger le cul, c’est tout de suite, sinon vous aurez plus qu’à vous mordre les couilles quand vous vous ferez égaliser par ces viers.
Merci Ghislain, on avait compris.

Les joueurs ont d’ailleurs compris tant et si bien que non seulement ils se procurent des occasions au retour des vestiaires, mais que de surcroît ces occasions sont issues d’actions collectives joliment construites. J’aurais d’ailleurs grand plaisir à vous décrire celles de la 47e et de la 50e minutes si seulement ces enculés de Canal Plus/La Ligue laissaient le match disponible en replay. On se contentera donc d’indiquer qu’Aubameyang et Ndiaye voient leurs tirs contrés sur la première, et que sur la seconde la reprise acrobatique de Jean-Bite est mise en échec par le gardien.

Inévitable voire réglementaire, le mordage de couilles attendu se produit à la 53e, quand Merlin nous sert la spécialité marseillaise hivernale : le dégagement sans chaînes à neige. Alors qu’il n’a plus qu’à tataner un corner renvoyé par notre défense, Quentin zipe lamentablement son coup de pied, ce qui permet à un Clermontois de remettre le ballon dans les six-mètres. L’ancien marseillais Boutobba, surtout resté dans les mémoires de la Canebière académie pour avoir fait l’objet du premier gif animé à monter soi-même, surgit dans le dos de Balerdi et Ndiaye pour se rappeler à notre bon souvenir (1-1, 53e).

Tant et tant j’en aurai bu, du vin ! que ce parfum de vin
Sortira de la terre quand je serai sous la terre
Qu’en passant sur ma tombe l’ivrogne à jeun
Tombera frappé de mort par le parfum de mon vin !

Ca va, Ghislain ?
Oué, ça va Loulou, je disais juste que ça fait pas un mois que je suis là et que ces mastres ils me donnent déjà envie de me saouler la gueule.
J’avais compris.

Il apparaît pourtant que Papy Gasset joue pour nos joueurs le même rôle qu’un onduleur sur un ordinateur. Naguère prompts à faire « schlak » et à griller en voyant de la fumée sortir par tous leurs orifices, les Olympiens encaissent la foudre sans trop broncher : après cinq minutes de relatif temps fort auvergnat, l’OM reprend rapidement la direction des opérations et, bonus appréciable, se montre très vite efficace.

Les centres s’accumulent ainsi, dont l’un voit Aubameyang balancé de manière plus que douteuse. Jean-Bite met quelques secondes à marronner sur l’absence de penalty avant de se résoudre à se relever : bien lui en prend car un nouveau centre d’Ounahi lui parvient quelques secondes plus tard. Aubameyang voit son coup de tête repoussé par le gardien, mais se montre le plus vif pour reprendre du bout du pied (1-2, 59e).

Qu’ils soient contraires ou favorables, les aléas de la rencontre ne paraissent pas dévier l’équipe du cap qu’elle s’est fixé. La récupération autoritaire d’Harit au milieu de terrain nous renvoie illico à l’attaque. Servi sur la droite de la surface, Sarr fixe et sert Clauss en pivot : dans sa course, Jonathan expédie une LOURDE au premier poteau (1-3, 67e).

L’OM montre ensuite une attitude plus gestionnaire, veillant toutefois à ne pas laisser les Clermontois trop approcher de la surface (Balerdi se chargeant de toute façon de châtier les quelques-uns qui s’y oseraient). Toutefois, quelques centres un peu trop nombreux à notre goût nous empêchent de savourer la fin de rencontre dans une détente totale. A la retombée d’un corner défensif, Harit exécute la sortie de balle parfaite qui, relayée par Merlin, envoie Moumbagna mener sur l’aile droite une attaque à trois contre un. La dernière passe de Faris et la conclusion de Luis Henrique une main dans le slip s’avèrent d’une totale lucidité (1-4, 80e).

Patate sur la truffade, Faris profite d’un second ballon de Sarr pour envoyer un pétard du gauche à ras-de-terre, au grand dam d’un gardien qui ne l’avait pas vu venir et n’avait de toute façon plus envie de plonger (1-5, 92e).

Tu es ivre, tu es amoureux ? Réjouis-toi.
Les caresses et le vin te consument ? Ne le regrette pas.
Qu’adviendra-t-il de nous ensuite ? Ne t’en soucie pas.
Ce que tu es ? Jamais ne le saura…
Alors à ta santé !
A la tienne mon Loulou ! Les remplaçants, hein ? Qu’est-ce que j’ai dit, les remplaçants, hein ? Qu’est-ce que j’ai dit ?


Les joueurs

Lopez (3-/5) : Face à des attaquants aussi dangereux que des yorkshires à mémère, il a réussi à se faire mordre.

Clauss (4/5) : Je veux bien éviter les clichés sur l’arriération de l’Auvergne mais il faut bien reconnaître que la 4G à Clermont-Ferrand c’est une catastrophe : ya pas un seul journaliste qui a reçu de SMS de Mehdi Benatia hier soir.

Mbemba (3+/5) : Il a géré les attaques clermontoises en faisant « houhouhou » et en tressautant des épaules, comme Philippe Bouvard dans les Grosses Têtes. Bref une soirée tranquille au stade Gabriel Montpied de Bonneuil Clermont.

Balerdi (4-/5) : Un match de patron, et quand c’est le patron qui fait des erreurs, on ne se moque pas mais on fait comme si de rien n’était.

Merlin (2+/5) : Après Gigot contre Montpellier et Clauss contre le Shakhtar, Quentin provoque notre troisième but encaissé sur dégagement clownesque en l’espace de deux semaines. Je veux bien qu’on soit ici amateurs de running-gags mais ça risque de ne pas nous faire rigoler trop longtemps, tout de même.

Gueye (4/5) : Pape cague sur le club, Pablo cague sur Gueye, Gasset cague sur Pablo, Pape cague sur Clermont et tout le monde est réconcilié.

Kondogbia (60e 3+/5) : Faudrait voir le replay (Canal Plus, la LFP, enculés, tout ça), mais je me demande si pour récupérer ses ballons Geoffrey n’a pas les jambes extensibles, comme Dhalsim dans Street Fighter. Ah, et il faudra m’expliquer le carton jaune pour contestation sur l’engagement après notre 3e but, aussi, c’était assez inédit.

Ounahi (3+/5) : Avant on ne s’apercevait de sa présence qu’au moment de son remplacement, maintenant c’est au moment de sa passe décisive. Le progrès est ponctuel mais néanmoins notable.

Onana (60e, 3/5) : Quand on y pense, c’est un peu vexant pour Jean de se faire voler la titularisation par un type, à qui il y a deux semaines encore le président aurait préféré offrir sa propre sœur plutôt qu’une occasion de revenir dans l’équipe.

Harit (3+/5) : En général même dans les pires saisons l’OM parvient toujours à coller une et une seule grosse branlée à quelque victime. Il aurait été dommage qu’Amine ne se fasse pas violence pour participer à la fête.

Correa (83e) : Lui, en revanche, c’est le genre à rester debout dans son coin et à marmonner (mais si, je m’amuse) quand un fêtard vient s’en inquiéter.

Sarr (4/5) : Redonner confiance à l’équipe je veux bien appeler ça « l’expérience de l’ancien », mais que Gasset parvienne à ce qu’Ismaïla Sarr fasse des choix intelligents ça tient de la sorcellerie.

Ndiaye (4/5) :

La mer de l’existence a surgi de l’occulte
Et personne n’a examiné cette perle noire,
Ceux qui prétendent savoir racontent des balivernes.
Ce qu’elle est en réalité, nul ne peut le dire.

Oué, ce que Blaah veut dire ici, c’est que même si Ndiaye branlait rien avec ce trou du cul de Gattuso, en vrai on n’a jamais trop su ce qu’il valait, quoi.
Merci Ghislain, je crois que les lecteurs avaient compris.

Luis Henrique (75e) : Le mec a fait deux fois le tour du monde avant de marquer son premier but en Ligue 1 mais c’est bon, maintenant il peut le cocher dans sa colonne « accomplissements ».

Aubameyang (4/5) :

Dans nos crises, éternelles redites
Incertaine, éphémère réussite
Sachons boire et croire pour toute conduite
Dans l’attente jamais déçue du but de Jean-Bite.

[NdA : Autant, si je dis à ma sœur que c’est aussi du Omar Khayyam, peut-être qu’elle le chorégraphiera]

Moumbagna (75e) : Alors là j’avais une conclusion épatante et vachement sophistiquée sur le fait que je sais pas si vous aviez remarqué mais Omar Khayyam faisait des quatrains et on a justement gagné quatre-un, et puis paf, ce con vient me péter l’académie à deux minutes de la fin. Tu fais chier, Faris, c’est pas avec Vitinha que ça se serait passé, ça.


L’invité zoologique : Calamar Nicolson

Bestiole indéfinissable pleine de trucs rigolos qui font « flub, flub » quand on les agite, le calamar était bien l’invité approprié pour raconter ce match contre une belle bande de mollusques.

  • Les autres : Pourtant on a fait avec eux ce qu’on a fait avec toutes les victimes, on leur a laissé espoir. Mais ceux-là sont vraiment irrécupérables.
  • Le classement : Nous atteignons une sixième place en trompe l’œil, sachant que d’une part des matchs restent à jouer ce week-end, et que d’autre part nous sommes en pleine période de collecte de points contre des adversaires nuls à chier.
  • Coming next : Vous préférez vraiment penser à l’humiliation par le Villarreal de Marcelino puis aux affrontements contre Rennes, le PSG, Lille et Nice ? Genre là vous n’êtes pas bien à savourer la victoire d’hier soir, c’est vraiment à ça que vous voulez penser là, tout de suite ?
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Twitter, ainsi que sur BlueSky. DJ Soon gagne le concours zoologique.

Bises massilianales,
Blaah

2 thoughts on “Clermont-OM (1-5) : La Canebière Académie prend Montpied

  1. Je me suis délecté de cette acade. Le commentaire sur PainBagna est génial (j’ai bien ri merci Blaah) Celui sur Clauss a fait du bien à mon petit coeur.

    Merci

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